Des organisations et personnalités haïtiennes préoccupées par le soutien de l’OEA appuyant une intervention militaire étrangère en Haïti…

Luis Almagro, Secretaire General de l'OEA

PORT-AU-PRINCE, lundi 17 octobre 2022– Selon ces organisations et personnalités haïtiennes qui sont près d’une centaine, ‘‘la demande illégitime et attentatoire à la Constitution haïtienne du gouvernement en place pour une intervention militaire étrangère en Haïti, formulée à partir d’un arrêté, pris en conseil des ministres, publié le vendredi 7 octobre 2022, est en fait irrecevable.’’

« Nous sommes gravement préoccupées par le dangereux choix de l’OEA prenant en compte cette demande illégitime et inconstitutionnelle qui met en péril le droit à l’autodétermination du peuple haïtien. Faire droit à une telle sollicitation suspecte c’est donc emprunter la voie de l’indignité, du mépris du droit à l’autodétermination des peuples et en particulier du peuple haïtien », déclarent les signataires.

Dans une correspondance au secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA), les signataires désapprouvent cette demande d’Ariel Henry qui, agissant, selon eux, sur ordre de la communauté internationale, a appelé à une nouvelle occupation d’Haïti.

Ils estiment que ‘‘l’actuel gouvernement de facto n’a ni titre, ni qualité, ni légitimité l’autorisant à produire une telle demande qui s’assimile à un crime de haute trahison, puni par l’article 21.1 de la Constitution, ajoutant que des consultations sont déjà en cours en vue d’intenter une action en justice contre Ariel Henry et ses complices.’’

Selon eux, ‘‘Ariel Henry prétend solliciter une intervention militaire internationale en Haïti en vue de combattre les gangs rendus, à dessein, tout puissant, et de faire face à la crise humanitaire créée par l’insécurité. Mais vous savez aussi bien que nous que l’insécurité en Haïti est une fabrication criminelle qui porte la signature du Core group dont fait partie l’OEA, du régime PHTK etc.’’

Ils rappellent que lors de la dernière assemblée générale de l’OEA au Pérou, les Etats membres ont solidarité avec Haïti, se sont engagés à travailler en étroite collaboration afin de rétablir un climat de paix en Haïti, condamné les abus commis par les gangs armés et affirmé leur engagement à aider les Haïtiens à surmonter les défis sécuritaires complexes auxquels le pays est confronté.

Les signataires de la correspondance appellent l’OEA à ‘‘rejeter la demande d’intervention étrangère en Haïti, à abandonner ainsi le projet d’intervention militaire internationale en Haïti qui est une attaque directe au droit à l’autodétermination peuple haïtien et de laisser au peuple le loisir de prendre en main son destin.’’

Les différentes organisations et personnalités signataires de cette correspondance déclarent  ‘‘qu’en ce qui concerne les gangs, point n’est besoin d’envisager l’envoi d’une force militaire pour contrecarrer leurs actions criminelles car ils sont au service et opèrent sur commande notamment sur commande du pouvoir en place, du Core group et de la représentante spéciale du Secrétaire Général de l’ONU.’’

‘‘Il suffit, selon eux, de s’adresser aux patrons connus des gangs pour obtenir immédiatement la mise en place des couloirs humanitaires et le rétablissement de l’approvisionnement en carburant à partir du terminal de Varreux, ainsi qu’en eau potable afin de répondre aux besoins de base de la population haïtienne et de permettre aux hôpitaux de répondre à la montée des cas de choléra dans le pays.’’

Ils estiment que, l’OEA ne devrait plus rentrer dans la logique d’ajouter du mal au mal haïtien, si elle veut rétablir son éthique, sa moralité et son humanité, ajoutant ‘‘qu’elle ne doit pas continuer à approuver tête baissée des mots d’ordre déjà concoctés à Washington et notamment ceux relatifs à cette intervention armée inscrite dans un projet impérialiste de renforcement de la tutelle imposée en vue de parvenir à un contrôle politique systématique d’Haïti pour mieux consolider l’ingérence étrangère et assurer le pillage de ses richesses.’’

Ils rappellent à Luis Almagro que depuis de nombreuses années l’OEA participe du problème haïtien.

‘‘Plus récemment depuis 2010, soulignent-ils, l’organisation hémisphérique a contribué de manière systématique au processus ayant conduit à la déliquescence des institutions démocratiques en Haïti et ailleurs dans la région.’’

Ils invitent Almagro à ‘‘oser mobiliser positivement tous les Etats-membres de l’OEA en faveur d’Haïti, et à oser, cette fois, unir votre voix à celle du peuple haïtien en souffrance mais en lutte,  pour dire NON à l’occupation militaire d’Haïti et oui à une Haïti souveraine, maitresse  enfin de son destin.’’

Les signataires de la correspondance affirment ‘‘rejeter à l’avance tout projet de résolution visant à cadenasser le droit à l’auto-détermination du peuple haïtien et l’invitent à respecter scrupuleusement le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple haïtien, principe juridique clairement établi en matière de Droit international et consacré d’une manière expresse par la Charte des Nations Unies.

 

LES SIGNATAIRES DE LA LETTRE A L’OEA