Le bilan de Catastrophe des 24 mois d’Aryel Henry…

Jean-Garry Denis, directeur executif de l'INHOPP...

Jean Garry Denis,
Directeur Exécutif
Institut Haïtien d’Observatoire de Politiques Publiques (INHOPP),

CAP-HAÏTIEN, jeudi 20 juillet 2023-Catastrophe, Catastrophe, Catastrophe ! C’est le mot parfait pour designer le bilan du Gouvernement du Premier Ministre Aryel Henry après l’assassinat du Président Moise le 7 Juillet 2021.

Toutefois on doit admettre que le 1er Ministre mis en place par twitt des Ambassadeurs du Core Group le 20 juillet 2021 n’est pas le seul comptable de ce bilan. C’est aussi le bilan de la communauté internationale, qui a toujours soutenu ce pouvoir dans toutes ses dérives.

L’attitude condescendante du Core Group, dans ce qu’il croit traditionnellement être le meilleur pour le peuple haïtien constitue l’obstacle principal pour un réel consensus haïtien sur la crise.

D’un coté, ils parlent de consensus et de solution haïtienne pour consommation de l’opinion publique internationale. D’un autre coté, ils renforcent le pouvoir d’Aryel Henry en obligeant les acteurs politiques et la société civile à se plier àses quatre volontés, et ce malgré les preuves de son échec et de son manque de leadership après 24 mois de pouvoir.

Cette duplicité tend a renforcer la méfiance du peuple haitien dans les initiatives de l’international sur la crise. Pour la grande majorité, ces initiatives notamment celles relatives a l’envoi d’une force armée et aux médiations entre les acteurs créent beaucoup de dissensions entre les acteurs.

S’il n’y pas un changement de politique dans le support inconditionnel de l’international a pouvoir autocratique, le pays sombrera dans un chaos pire que celui qu’on est en train de vivre actuellement. Car, ce gouvernement veut se perpétuer le plus longtemps au pouvoir et réaliser des élections contestées comme en 2011 pour passer la gouvernance du pays a son clan politique.

Notre analyse sur le bilan de ce pouvoir touche 4 grands points:
1- La Sécurité :
C’est le point crucial qui traduit en grande partie l’échec de ce gouvernement. Plus de 15 massacres avec plus d’une vingtaine de morts ont eu lieu sous ce gouvernement. Les gangs renforcent de jour en jour leur territoire. Ils bloquent totalement l’accès sur Port-au-Prince.

Selon plusieurs organisations de défense de droits humains, la police est inerte, le conseil supérieur de la police nationale dirigé par le 1er Ministre est complètement effacé et rendu dysfonctionnel par les officiels qui sont souvent accusés de complicité avec les groupes criminels. En effet, deux anciens ministres, celui de la justice et de l’intérieur, membres de ce gouvernement pour plus de 15 mois, ont été respectivement impliqué dans un scandale d’importation illégales d’armes de guerre et dans un cas de kidnapping.

Le mouvement d’autodéfense Bwakale qui a semé la panique chez les bandits en favorisant une amélioration tangible de la situation sécuritaire a été adroitement combattu par les officiels de ce gouvernement. Les policiers qui accompagnaient ce mouvement font l’objet de menaces au sein de l’institution. Cette situation a fait reculer l’intensité de ce mouvement et du même coup a permis une reprise notable des cas de kidnapping.

2- L’économie
La Situation économique déjà très précaire sous le Président Jovenel s’est nettement détériorée sous ce pouvoir. Le taux d’inflation laisse la barre des 50% et aucune mesure sociale n’est prise pour accompagner la population. La devise nationale est en net recul par rapport aux devises étrangères. Le dollar a connu pratiquement une appréciation moyenne de plus de 55% et est tres rare sur le marché financier.

L’accès aux points stratégiques du territoire bloqué par les bandes armées reduit drastiquement la dynamique d’échange interne qui fait tourner l’économie nationale entre plusieurs régions du pays. Le tourisme interne durant les périodes estivales qui constituait jadis une manne pour l’économie rurale n’existe pas presque.

L’Agriculture est un secteur délaissé, il n’existe pas de débouchés pour l’écoulement des produits. C’est le désastre complet dans les zones rurales.

C’est la même situation dans le secteur du transport. On assiste a une réduction notable des voies de circulation et une hausse notable du prix de l’essence a la pompe. Malgré une baisse considérable sur le marché international, on maintient presque le même prix. Elle est indisponible et se vend au triple du prix fixé par l’état haitien dans certaines zones.

3- La Justice
Le seul indicateur de l’existence d’une justice haïtienne constitue les dernières poursuites entamées par un magistrat contre des présumés criminels du massacre de la Saline et des gestionnaires actuels de la caisse d’assistance sociale. Des manœuvres sont en cours tant a l’intérieur et en dehors du système judiciaire pour freiner cet elan. Le Magistrat en charge de ces dossiers a été la cible d’une tentative d’assassinat le 17 mai 2023.

Le pays le plus corrompu ne punit personne pour corruption. Les corrupteurs ont le control total du système judicaire. Le recours traditionel aux methodes criminels est disponibles au cas ou un élément du système leur échappe. C’est ce qui explique la relation entre l’augmentation spectaculaire de la violence des bandes criminelles durant l’année 2020 et des revendications pour une justice sur des cas de corruption avérée comme la dilapidation des fonds petro caribe et le pillage des ressources publiques par les oligarques corrompus.

Malgré le scepticisme généré par les sanctions internationales, les haïtiens en grande majorité s’étaient réjouis de leur application contre un ensemble personnalités qu’on croyait non justiciable, car tellement puissantes. Jusqu’à présent, ce scepticisme demeure. D’une part, il y a les risques de manipulation politique, par exemple la République Dominicaine a omis le nom de certaines personnalités sulfureuses dans sa liste et a choisi d’inclure d’autres qui n’ont convaincu grand monde; d’autre part, aucun suivi judiciaire n’est réalisé au niveau des tribunaux haïtiens contre ces prétendus criminels.

4- Une Gouvernance autocratique
Le pouvoir du PM Aryel Henry est caractérisé par une gouvernance autocratique. Le PM cumule les fonctions du législatif, du judicaire et de l’exécutif. Dans une démocratie, la séparation de ces fonctions constitue des valeurs cardinales. Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument.

Aryel Henry est PM, Président, Ministre de l’Intérieur, Chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale, Responsable du Choix des Membres de la Cour de Cassation et du Tribunal Electoral, sans aucun organisme de control. Malheureusement il n’arrive pas a créer conditions favorables pour l’organisation crédibles. En pus, son mandat n’a pas de terme

Pour les pays et institutions internationales du Core Group, Haiti ne mérite qu’une démocratie tropicale sur mesure et un modèle de « développement » centré sur la charité et l’humanitaire. On ne nous accompagnera pas pour améliorer notre climat des affaires pour attirer des investissements productifs. Leur plan consiste a nous renforcer dans l’humanitaire : donations de quelques motos à la police, de petits millions pour Programme Alimentaire Mondial pour combattre ponctuellement la famine, de subventions a leurs ONG pour renforcer l’industrie de la charité, etc.
Ils encourageront toujours au pouvoir des laquais comme Aryel Henry et Michel Martelly pour faire le sale boulot de destruction du pays. Car l’objectif consiste a démontrer que ces sales nègres qui ont osé défier la géopolitique esclavagiste de l’aristocratie blanche 15ème, 16ème et 17ème Siècle est inapte a gouverner et se prendre en charge.
Ils auront toujours du mal a accepter un consensus haïtien a la crise. Seule la mobilisation population populaire des forces du progrès en Haïti accompagnée d’une grande solidarité mondiale aiderait a imposer cette solution haïtienne et mettre le pays sur la voie du développement durable.