Fritz Jean estime qu’Haïti est au bord de l’abîme en raison de l’entêtement de Jovenel Moïse à rester au pouvoir 

Fritz Alphonse Jean, economiste,

Sainte-Suzanne, 19 février 2021– Haïti est au bord de l’abîme, selon l’économiste Fritz Jean qui analyse la situation haïtienne comme étant explosive en raison notamment de l’accroissement de la misère et du désespoir dans le pays alors que Jovenel Moïse continue de s’accrocher au pouvoir en dépit de l’expiration de son mandat depuis le 7 février 2021.  

Selon M. Jean, Jovenel Moïse dont le mandat a expiré depuis le 7 février 2021, a dénoncé un coup d’Etat imaginaire et un présumé plan d’assassinat pour établir une dictature en Haïti, avec le soutien de la communauté internationale et l’oligarchie.  

‘’Conformément à la Constitution haïtienne, le mandat de l’ancien président Jovenel Moïse a pris fin le 7 février 2021. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) le confirment, soutient Fritz Jean.’’ 

 Le président de l’Observatoire de l’Institut haïtien des politiques publiques (INHOPP), souligne également que la Conférence épiscopale d’Haïti, dans une note envoyée à la nation le 2 février, rappelle que le Président de la République a appliqué la loi électorale pour les députés, les sénateurs et les maires en 2020. 

 ‘’Il a ainsi affirmé l’unité de la loi pour tous les élus, y compris lui-même, proclamant que la loi est une loi pour tous. Les évêques ont donc demandé à l’ancien président de respecter la Constitution et d’accepter la fin de son mandat le 7 février 2021, insiste-t-il.’’  

Le secteur protestant haïtien aussi bien que diverses autres entités de la société civile ont appelé M. Moïse à se plier aux prescrits de l’article 134-2 de la constitution qui consacre la fin de son mandat au 7 février 2021, mais il a refusé.  

En s’accrochant au pouvoir, poursuit Fritz Jean, l’ancien président s’est opposé à la constitution du pays et s’oppose à toutes les organisations de la société civile – organisations de défense des droits de l’homme, syndicats, universitaires, ecclésiales qui, elles s’opposent à cette violation de la Constitution et à la déconstruction des institutions démocratiques qui en résultent.’’ 

Selon l’ex-gouverneur de la Banque Centrale, l’ancien président a instrumentalisé la police nationale, arrêté et humilié un juge de la Cour de cassation, Me Yvickel Dabrésil, pour un coup d’État imaginaire. Fritz Jean dénonce le comportement du président de facto ‘’plénipotentiaire’’ qui veut forcer les haïtiens, par tous les moyens, à l’accepter en dépit de l’expiration de son mandat. 

‘’En maintenant un État prédateur, qui fournit à peine quelques services de base à la population, les élites haïtiennes dans leur ensemble ont contribué à l’appauvrissement de la population et à l’établissement d’une société d’apartheid, soutient M. Jean.’’  

Pour lui, ‘’la forme ultime de cette configuration est la capture de l’État par une frange des élites économiques et quelques entrepreneurs politiques, par l’instrumentalisation des organes de l’État et la cooptation des groupes armés de jeunes pour maintenir leurs pouvoirs. La crise actuelle n’est rien de plus qu’une manifestation de l’exacerbation des conflits entre ces groupes et le reste de la population découragée, déclare l’économiste Fritz Jean.’’ 

Ecartant la possibilité qu’une guerre civile éclate en Haïti tout en admettant que des escarmouches pourront être enregistrées çà et là, Fritz Jean, affirme, cependant que, la violence, déjà insoutenable avec les enlèvements, les viols et les meurtres, augmentera jusqu’à ce que les acteurs de la société civile et ceux du secteur des affaires qui restent silencieux face aux violations de la Constitution et des droits de l’homme se joignent aux demandes de la population active contre les abus de cet État délinquant. 

 ‘’De toute évidence, poursuit-il, ‘’le soutien parfois tacite des acteurs des grandes capitales mondiales en Amérique du Nord et en Europe aux responsables actuels en Haïti les renforce dans leurs actions antidémocratiques et contribue à accroître la violence de l’État. Une position claire en faveur de l’État de droit contribuera sans aucun doute à désamorcer cette bombe sociale.’’ 

Fritz Jean prévoit également une aggravation des conditions matérielles de la majorité de la population en raison, notamment de l’exclusion économique de la majorité. Et devant l’accroissement do désespoir, ceux qui souffrent n’auront certainement pas d’autres choix que l’émigration désordonnée vers les îles des Caraïbes et l’Amérique latine ; les bateaux qui envahissent les côtes de Floride, la prostitution des jeunes, l’utilisation des jeunes dans les gangs armés etc.