Au moins 60,000 personnes dont des déplacées de Martissant et de bas Delmas ont besoin d’assistance humanitaire, selon un rapport du CARDH

Des familles deplacees de Martissant/image d'illustration...

Port-au-Prince, vendredi 18 juin 2021- Dans ce rapport intitulé ‘’Haïti /Règne de la criminalité et responsabilité de protéger,’’ le centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) décrit une monstrueuse réalité consacrant le règne de la criminalité, une situation exceptionnellement inquiétante où ce sont les réseaux criminels, appuyés par le pouvoir politique, qui imposent leurs lois à la République.

Dans ce document dont RHINEWS a obtenu copie, le CARDH explique que, devenus hégémoniques, les gangs armés font et défont comme bon leur semble dans l’indifférence totale des autorités politiques en place et policières.

‘’ Massacres ; viols ; kidnappings ; tortures ; prise d’assaut de commissariats et postes de police, sont entre autres, autant d’exactions commises impunément par les malfrats qui jouissent de la protection des plus hautes autorités du pays,’’ selon le rapport du CARDH.

‘’Bénéficiant du financement, d’autres moyens et du mutisme de l’administration Jovenel Moïse, la prédominance des gangs du G9 en fanmi e alye (famille et alliés) est affirmée, alors que la Police nationale d’Haïti, dont la mission est de protéger la vie et les biens, est impuissante et devient par la suite leur cible,’’ lit-on, dans ce rapport de 29 pages.

Toujours selon le rapport, environ 10,000 déplacés sont répertoriés pour la première moitié du mois de juin (du 1er au 15) dans la zone métropolitaine, parmi lesquels près de 2,000 des affrontements de Martissant dont 507 garçons, 582 filles, 426 mineurs et 50 nourrissons, logés au centre sportif de Carrefour.

Le document précise que, soixante-mille (60 000) personnes ont besoin d’assistance humanitaire à Martissant et au bas de Delmas.

Le CARDH note également que le kidnapping, suivi de tortures et de viols, prend une proportion imposante, violant la dignité des citoyens et les bascule dans la pauvreté abjecte, des centaines de milliers de dollars américains étant imposés comme rançon.

Le rapport affirme qu’une vingtaine de kidnappings collectifs ont été perpétrés surtout par le gang ‘’400 Marozo’’ pour la seconde moitié du mois de mai (une cinquantaine de kidnappés). De janvier à date, ce sont au moins 231 rapts qui ont été recensés, dont 14 ressortissants étrangers, ajoute le CARDH, précisant que ces chiffres sont loin d’être exhaustifs.

Le CARDH estime que l’administration Jovenel Moïse est complice du chaos qui règne dans le pays et omet ses obligations de respect et de protection des droits humains.

L’organisme de défense des droits humains établit également la part de responsabilité de la coopération internationale dans le malheur d’Haïti.

En guise de recommandation, le CARDH estime que tout accord politique devra se fonder sur une politique effective de désarmement, condition préalable à la réalisation d’élections démocratiques.

Aussi, croit-il, que l’autorité de l’Etat devra être rétablie. ‘’Les acteurs de la société civile (secteur privé, organismes de défense des droits humains, organisations communautaires de base, écoles, églises…) ont aussi leur rôle à jouer,’’ soutient le CARDH.