Fednel Monchéry accusé d’implication dans le massacre de La Saline, arrêté puis relâché illico

Fednel Monchery au moment de son arrestation

Port-au-Prince, 13 février 2021 –(RHInews)- Coup spectaculaire ! Un gang armé du nom de “Crache Dife” accompagné de policiers, a pu obtenir la libération de l’ex-directeur général du Ministère de l’intérieur Fednel Monchéry, quelques heures après que la police eût procédé à son arrestation, dans la matinée du 13 février 2021.

Le gang “Crache Dife” serait à l’origine de cet “exploit”. Il est l’une des composantes du regroupement de gang du G-9 de Jimmy Cherizier “formé et soutenu,” selon plusieurs rapports d’organismes des droits humains, par Jean Rebel Dorcénat de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), une structure étatique.

Menotté pour être conduit dans les locaux de la Direction départementale de l’Ouest de la police (champ-de-Mars), Fednel Monchéry impliqué dans le massacre de La Saline, a été libéré par la suite sans coup férir par ce puissant gang venu de la rue Saint-Martin qu’il a lui-même aidé à créer, selon des sources dignes de foi.

Toujours selon les mêmes sources, Fednel Monchéry arrêté au moment où il s’apprêtait à regagner son véhicule officiel garé dans les parages d’un super maché à Port-au-Prince, aurait obtenu sa libération avec l’aval du Palais National et du Directeur général par intérim de la police, Léon Charles.

On ignore pourquoi l’accusé dans le massacre de “La Saline” (banlieue nord de la capitale) survenu le 13 novembre 2018, est toujours en possession du véhicule officiel de l’Etat après qu’il eût été révoqué pour son implication dans cet triste événement.

Interrogé sur cette situation, Pierre Espérance du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a indiqué que la “libération de Fednel Monchéry montre l’implication au plus haut niveau des autorités en place dans les différents massacres qui ont lieu dans les quartiers populaires de Port-au-Prince”.

Selon lui, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) devrait l’interroger pour les différentes plaques minéralogiques trouvées en sa possession lors de son arrestation et également sur les faits qui lui sont reprochés dans le massacre de La Saline.

“Il est clair que les bandits armés du G-9 sont à la solde du pouvoir de facto de Jovenel Moïse qui continue de banaliser la vie des gens”, a déclaré Pierre Espérance, rappelant que le Ministre haïtien des Affaires Etrangères de l’époque avait affirmé que l’Etat haïtien avait déjà pris en septembre 2019 des mesures conservatoires contre ses deux fonctionnaires, Fednel Monchéry et Pierre Richard Duplan en relation au dossier du massacre de La Saline.

Pierre Espérance a qualifié le massacre de La Saline de crime contre l’humanité dont les auteurs doivent être sanctionnés par la justice.

Au moins soixante-onze (71) personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, sans compter des disparues et déplacées, lors de ce massacre qui a eu la couverture d’éléments de la police montés à bord de véhicules blindés, selon deux organisations locales de droits humains, RNDDH et FJKL, dans deux rapports respectifs en 2018.

Le groupe G-9 de l’ex-policier de Jimmy Cherizier aurait été l’exécutant principal de cet acte macabre commandité par Fednel Monchéry et Pierre Rigaud Duplan, l’ex-délégué départemental de l’Ouest, selon les organismes de défense des droits humains.

Un juge d’instruction a été désigné pour instruire le dossier. Il s’agit de Me. Chavanne Etienne qui a déjà auditionné plusieurs individus arrêtés dans le cadre de cette affaire. Le dossier n’a pu suivre son cours, suite à une action en récusation de deux principaux concernés, Pierre Richard Duplan et Fednel Monchéry.

Déjà, la Congresswoman de la Californie Maxime Waters avait dénoncé entre autres le massacre de La Saline, tout en avertissant que l’impunité pour cet acte encouragerait plus de violence, dans une correspondance le 28 mai 2020 à l’ambassadrice américaine en Haïti, Michelle Sison.

Depuis, plusieurs parlementaires américains entre autres Andrew Saul Levin de l’Etat du Michigan avaient pris le relais pour demander aux autorités de Port-au-Prince de sévir contre les auteurs et co-auteurs de ce drame.

Le Département américain du Trésor s’était mêlé de la partie en prenant des sanctions contre les concernés, particulièrement.