Le gouvernement envisage d’augmenter incessamment les prix des produits pétroliers, annonce le ministre des finances, Patrick Boisvert

Pompe a essence

PORT-AU-PRINCE, jeudi 30 juin 2022– Michel Patrick Boisvert, ministre de l’économie et des finances du gouvernement de fait, a informé jeudi de l’intention du gouvernement d’augmenter une nouvelle fois les prix des produits pétroliers.

Soulignant que l’Etat subventionne les produits pétroliers à hauteur de 7 a 9 milliards de gourdes par mois, Boisvert a déclaré que l’augmentation se fera graduellement pour limiter, a-t-il dit, son impact sur les consommateurs.

Il a affirmé que les fonds utilisés pour la subvention du carburant, représentent presque le double de ce dont l’Etat a besoin pour payer le salaire mensuel de ses fonctionnaires.

En décembre 2021, le gouvernement avait déjà augmenté les prix des produits pétroliers. Les prix du gallon de gazoline passaient de 201 à 250 gourdes, du gasoil (diesel) de 169 à 353 gourdes et du kérosène de 163 à 352 gourdes.

A l’époque Michel Patrick Boisvert avait évoqué la loi du 9 mars 1995 pour justifier cette augmentation. Selon cette loi, l’Etat haïtien doit suivre la fluctuation des prix du carburant sur le marché international pour l’ajuster au niveau national.

Cependant, cette loi n’a pas été appliquée en 2020 lorsque le prix du baril de pétrole chutait jusqu’à 10 dollars sur le marché international en raison de la pandémie du corona virus.

En faisant son annonce ce jeudi, il a encore évoqué cette même loi, sachant qu’en raison de la guerre en Ukraine le prix du baril de pétrole est actuellement en hausse.

Le ministre de la planification et de la coopération externe, Ricard Pierre, avait promis pour sa part, que l’ajustement des prix des produits pétroliers, permettrait à l’Etat haïtien de faire des économies afin d’investir dans la construction d’écoles, d’hôpitaux, de centres de santé et de la mise en place des conditions de sécurité dans le pays.

Les conditions sécuritaires et la situation sanitaire se sont détériorées considérablement. Pas de construction de nouvelles écoles ni d’hôpitaux, peut-on constater.

Dans certains départements, les bâtiments scolaires ressemblent beaucoup plus à des écuries qu’a des centres d’enseignement. Très touchés par l’insécurité, le personnel soignant des hôpitaux sous-équipés d’Haïti, quitte le pays massivement ces derniers temps.

Ce que Boisvert n’a pas dit, cependant, c’est que cette mesure correspondant aux exigences du FMI qui vient d’approuver pour Haïti un programme de surveillance de mise en œuvre de politique économique du gouvernement.

Dans un communiqué, le FMI a déclaré jeudi que, « Les subventions aux carburants ont absorbé au moins un tiers des recettes intérieures et évincé les dépenses productives d’investissement, de santé et d’éducation. Ils sont également très inéquitables, avec plus de 90 % des bénéfices allant aux 10 à 20 % supérieurs de l’échelle des revenus en Haïti ».

Les autorités se sont engagées auprès du FMI pour la réviser les régimes fiscaux spéciaux dans un nouveau Code des impôts, notamment en supprimant certaines exonérations, et la finalisation et la publication du nouveau Code des Impôts, Code des Douanes et Tarif des Douanes entre autres.