Au moins 2505 cas de meurtres et de blessures en lien avec les activités des gangs enregistrés au cours du premier trimestre de 2024, selon le BINUH…

photo: ONU: Maria Isabel Salvador, Cheffe du BINUH...

PORT-AU-PRINCE,  vendredi 19 avril 2024– Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) vient de publier son dernier rapport trimestriel, mettant en lumière une augmentation alarmante des actes de violence et des atteintes aux droits de la personne au cours du premier trimestre de l’année 2024.

Selon le rapport, entre janvier et mars 2024, Haïti a connu une recrudescence significative des violences liées aux gangs, avec 2 505 cas de meurtres et de blessures enregistrés, marquant une augmentation de plus de 53 % par rapport à la période précédente (octobre-décembre 2023). Cette période a ainsi été qualifiée de la plus violente depuis au moins le début de l’année 2022.

La capitale, Port-au-Prince, a été le théâtre des affrontements les plus intenses, avec une multiplication des violences entre gangs motivée principalement par l’expansion territoriale. Les rapports font état d’une série d’attaques coordonnées contre des institutions publiques et des infrastructures stratégiques à partir du 29 février, visant à renverser le gouvernement en place. Cette escalade a entraîné l’évasion de plus de 4 600 détenus des principales prisons de la capitale, ainsi que des pertes humaines parmi les forces de l’ordre.

Outre la capitale, le département de l’Artibonite a également été fortement touché par les violences des gangs, avec des attaques contre les populations locales et des enlèvements visant les passagers des transports publics.

Le rapport met en lumière l’impact dévastateur de ces violences sur les droits des enfants, avec au moins 82 enfants tués ou blessés au cours du premier trimestre 2024. Nombreux sont ceux qui sont recrutés par les gangs, entraînés dans des activités criminelles en raison du manque d’opportunités socio-économiques.

Maria Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU et cheffe du BINUH, a souligné que ces activités ganglionnaires ont non seulement restreint l’accès aux services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation, mais ont également exacerbé l’insécurité alimentaire dans le pays.

Par ailleurs, les violences sexuelles contre les habitants des quartiers rivaux, en particulier les femmes et les jeunes filles, restent une préoccupation majeure. Des cas de viols collectifs et de meurtres après agressions sexuelles ont été signalés, soulignant la vulnérabilité des populations locales face à cette violence endémique.

En outre, les menaces à l’encontre des défenseurs des droits de la personne, des journalistes et des membres du secteur judiciaire ont considérablement augmenté, entraînant une limitation de leurs activités et de leurs déplacements.

Malgré quelques avancées dans la lutte contre la corruption et la réduction de la détention préventive prolongée, le système judiciaire haïtien demeure largement dysfonctionnel en raison de grèves, de retards dans la nomination des magistrats et des attaques de gangs contre les infrastructures.

Face à cette situation d’insécurité croissante, le rapport recommande à la communauté internationale de maintenir Haïti à l’agenda mondial et d’accélérer le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité, conformément aux normes et standards en matière des droits de la personne.