Analyse juridique de l’attaque armée à Laboule : Me Samuel Madistin souligne l’importance du droit des conflits armés…

Samuel Madistin, Avocat,

PORT-AU-PRINCE, vendredi 9 février 2024– La récente attaque armée dirigée contre des agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) à Laboule doit être examinée attentivement à la lumière du droit des conflits armés, selon Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon Je Klere (FJKL).

L’incident a impliqué un échange de tirs entre les forces de l’ordre et un groupe armé non gouvernemental, résultant en la mort de cinq agents de la BSAP. Me Madistin souligne que la BSAP, initialement une direction opérationnelle de l’Agence Nationale des Aires Protégées (ANAP), est désormais considérée comme un groupe armé illégal depuis la révocation de son directeur général, Jeantel Joseph. Il affirme que la BSAP agit désormais comme un groupe armé non gouvernemental, servant des intérêts privés et cachés.

‘‘Ce tragique événement a suscité des commentaires erronés et passionnés, mettant en danger la vie de nombreux agents de la BSAP. Un communiqué, non contesté légalement, a ordonné aux agents de la BSAP de ne plus arborer d’uniforme ni d’armes en public, les qualifiant ainsi de membres d’un groupe armé illégal.’’

Selon Me Madistin, tout affrontement entre les membres de ce groupe et les forces de l’ordre relève du droit international des conflits armés.

Me Madistin explique qu’il existe deux types de conflits armés en droit international humanitaire : les conflits armés internationaux entre États et les conflits armés internes impliquant des groupes armés non gouvernementaux contre les forces de l’ordre d’un État.

Il insiste sur le fait que la situation de la BSAP par rapport aux forces de police et aux forces armées d’Haïti correspond au deuxième type de conflit armé, tel que défini par l’article 3 des conventions de Genève de 1949 régissant le droit international humanitaire.

Madistin met en garde contre toute incitation irresponsable à la violence armée, soulignant que les combattants en uniforme, les locaux et les moyens de transport des groupes armés constituent des cibles légitimes pour les forces de l’ordre.

Il rappelle que bien que l’usage de la force armée doive toujours respecter les principes du droit international en matière de conflit armé, la vérité doit être connue de tous, et ceux qui utilisent la BSAP à des fins politiques doivent être tenus responsables de leurs actions irréfléchies et insensées.

Me Madistin souligne l’importance de la lutte pacifique pour le changement politique, affirmant qu’elle ne peut pas être menée par des groupes criminels sans idéologie ni vision. Il rejette catégoriquement l’idée de remplacer la Police Nationale d’Haïti par des bandes criminelles, appelant à la cessation de toute illusion en ce sens.