Etats-Unis: Une étude met en garde contre les interactions dangereuses entre la cannelle et plusieurs médicaments…

OXFORD, Mississippi , dimanche 11 mai 2025 (RHINEWS)– Une équipe de chercheurs du National Center for Natural Products Research de l’Université du Mississippi tire la sonnette d’alarme sur les risques d’interactions médicamenteuses liés à la consommation excessive de cannelle, notamment sous forme de suppléments. Publiée dans la revue Food Chemistry: Molecular Sciences (Volume 10, Juin 2025, article n° 100237), l’étude démontre que le cinnamaldéhyde, principal composé actif de la cannelle, pourrait modifier le métabolisme de certains médicaments, exposant les consommateurs à des effets indésirables.

L’étude, intitulée « Evaluation of bioaccessibility, metabolic clearance and interaction with xenobiotic receptors (PXR and AhR) of cinnamaldehyde », a été conduite par Islam Husain, Bill J. Gurley, Hari Babu Kothapalli, Yan-Hong Wang, Larissa Della Vedova, Amar G. Chittiboyina, Ikhlas A. Khan et Shabana I. Khan.

Les résultats montrent que le cinnamaldéhyde est entièrement bioaccessible (100 %) dans les fluides gastriques et intestinaux, tant en période de jeûne qu’après un repas. Toutefois, cette efficacité d’absorption pourrait avoir un revers : « La cannelle, notamment sous forme d’huile ou de supplément, peut activer des récepteurs xénobiotiques comme PXR et AhR, modifiant ainsi le comportement métabolique de plusieurs médicaments », expliquent les auteurs.

Dans les modèles cellulaires étudiés, l’huile de cannelle a activé les récepteurs PXR et AhR de manière dose-dépendante, tandis que le cinnamaldéhyde seul a montré une inhibition des enzymes CYP2C9 et CYP1A2, essentielles dans le métabolisme hépatique. Ce type d’interaction pourrait, selon les chercheurs, altérer la concentration sanguine de médicaments courants et entraîner des effets secondaires graves ou une inefficacité thérapeutique.

« Ces données doivent alerter les patients souffrant de pathologies chroniques et suivant des traitements réguliers. Une consommation excessive de cannelle pourrait perturber leur équilibre thérapeutique », souligne Dr. Shabana I. Khan, co-auteure de l’étude.

Selon les auteurs, bien que la cannelle soit largement utilisée à des fins culinaires et médicinales, son usage sous forme concentrée doit faire l’objet d’une vigilance accrue. L’étude conclut que « si l’ingestion contrôlée de cannelle dans l’alimentation reste sans danger pour la majorité, les compléments alimentaires contenant des doses élevées de cinnamaldéhyde présentent un risque réel d’interaction médicamenteuse via des mécanismes activant les récepteurs PXR et AhR ».

Cette mise en garde intervient dans un contexte où les produits naturels et les suppléments sont de plus en plus populaires, souvent consommés sans avis médical préalable. Les chercheurs appellent à une meilleure régulation et à l’information des consommateurs sur les interactions potentiellement dangereuses entre plantes et médicaments.

L’étude est accessible en intégralité via ce lien :

https://doi.org/10.1016/j.fochms.2024.100237