Position nuancée de la Délégation de l’Union Européenne en Haïti sur la Fin du mandat de Jovenel Moïse

Port-au-Prince, 04 Juin 2020, (RHInews)- La Délégation de l’Union Européenne en Haïti semble ne pas être sur la même longueur d’onde que le Core Group et l’OEA en ce qui a trait à la fin du mandat du président Jovenel Moïse.

La Délégation de l’UE déclare “souhaiter la tenue d’un dialogue inclusif devant aboutir à un accord politique en vue d’organiser les prochaines élections dans un cadre constitutionnel et législatif qui répond aux attentes des haïtiens.”

Cette position de l’UE contraste avec celle exprimée par le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro qui a déclaré la semaine dernière, en violation de la charte de l’organisation, que le mandat du président Jovenel Moïse prendra fin le 7 Février 2022.

Cette position doit certainement “conforter le régime en place” qui semble miser beaucoup sur la communauté internationale comme principale alliée pour se maintenir au pouvoir après la 7 Février 2021.

La réaction du Ministère haïtien des Affaires Etrangères sur la position de la Délégation de l’Union Européenne a été immédiate.

Dans un communiqué rendu public ce jeudi, le Ministère des Affaires Étrangères déclare ‘’ prendre acte de l’appel lancé par la Délégation de l’Union Européenne à un dialogue politique afin d’organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques dans un cadre constitutionnel et législatif, tout en soulignant  que cet appel rejoint la volonté exprimée par le président Jovenel Moïse de relancer le processus électoral en vue de renouveler le personnel politique et d’assurer  la continuité constitutionnelle et démocratique.’’

Le Communiqué du Ministère des Affaires Étrangères  dit ‘’renouveler la ferme volonté du président et du gouvernement de lutter contre toutes les formes de violence qui minent la société haïtienne et appelle à l’unité nationale pour une alternance régulière dans la paix et la stabilité.’’

Aucune élection n’a été organisée dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir de l’équipe en place.

Cependant au niveau de l’opposition et de certaines organisations de la société civile, le cap est déjà mis sur la préparation de la transition de l’après Jovenel Moïse dont le mandat arrive à expiration constitutionnellement le 7 février 2021.

Dr. Junot Félix de ‘’Aksyon pou Konstwi yon Ayiti Oganize’’ (Action pour la Construction d’une Haïti Organisée) conseille au président Jovenel Moïse de bien évaluer la situation et de tirer les meilleures conclusions possibles.

Selon lui, si M. Moïse pense pouvoir passer un jour en plus au pouvoir au-delà de la date fatidique du 7 février 2021, il risque d’entrainer le pays dans une situation de chaos et d’éclatement social. Junot Félix appelle au rassemblement de toutes les forces progressistes du pays pour préparer le remplacement de Jovenel Moïse.

Le secteur Démocratique et Populaire estime que le débat sur la fin du mandat de Jovenel Moïse est clos. Selon un porte-parole de cette plateforme politique, André Michel, l’accord du 6 Février 2016, l’arrêté présidentiel nommant le Conseil Electoral Provisoire chargé d’assurer la continuité du processus électoral débuté en octobre 2015 et l’article 134-2 de la Constitution  amendée en vigueur sont suffisamment  clairs.

‘’Il n’y pas matière à débattre, dit-il. Le mandat de Jovenel Moïse prend fin le 7 Février 2021. Il ne passera pas un jour de plus au pouvoir au-delà de cette date, a-t-il renchéri.

Le syndicaliste Dominique Saint-Eloi du Centre National des Ouvriers Haïtiens (CNOHA), convie toutes les forces progressistes et démocratiques du pays à conjuguer leurs efforts afin de renverser Jovenel Moïse avant le 7 Février 2021. Selon lui, il est inutile de parler de mandat pour M. Moïse qui n’a pas de légitimité.

‘’En plus d’aggraver la misère du peuple haïtien, le régime ‘’Tèt Kale’’ (crâne rasé) symbolise l’inflation, la précarité et l’insécurité sociales, la corruption et la criminalité”, selon M. Saint-Eloi. Il affirme que la vie des travailleurs devient plus misérable sous ce régime dont la gestion a accentué les inégalités sociales déjà trop criantes.