La Coordination Europe Haïti (CoEH) vivement préoccupée par le projet de Jovenel Moïse visant à doter le pays d’une nouvelle constitution

Jovenel Moise, president de facto d'Haiti

Bruxelles, 29 mars 2021- Pour la Coordination Europe Haïti (CoEH) qualifie d’inquiétant, le projet de Jovenel Moïse d’élaborer pour le peuple haïtien une nouvelle constitution dans des conditions totalement contraires aux prescrits de la Charte fondamentale d’Haïti adoptée massivement en 1987 par les citoyens de ce pays.

La CoEH s’inquiète non seulement de ce que ce projet vient d’un président décrié, dont le mandat a pris fin depuis le 7 février dernier, mais aussi du soutien des Nations-Unies a cette démarche qui viole la constitution de 1987.

‘’Notre inquiétude est d‘autant plus grande que nous constatons que les Nations-Unies (ONU), à travers leur mission actuelle en Haïti (BINUH), sont en train de travailler aux côtés du comité mis en place par M. Moïse pour rendre effectif ce projet, au mépris des principes fondateurs de l’ONU qui consacrent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et l’interdiction d’intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État, selon un communiqué de presse de al CoEH.’’

L’organisation explique avoir été témoins de la mobilisation, en 1987, du peuple haïtien pour voter une nouvelle constitution après la chute de la dictature des Duvalier.

‘’Nous sommes aussi témoins des nombreux efforts qui ont été faits tout au cours des 35 années passées pour défendre cette constitution ou pour valoriser les acquis démocratiques qui y sont insérés, notamment les chapitres sur la protection des droits humains, la participation citoyenne, la décentralisation ou encore le contrôle des pouvoirs publics, écrit l’organisation.’’

Admettant qu’une constitution peut être modifiée ou changée complètement, la CoEH estime que cela doit se faire, si c’est la volonté d’un peuple, arguant ‘’ne pas comprendre l’empressement et cette participation active des Nations-Unies à vouloir, coûte que coûte, modifier dans l’illégalité la plus totale la charte fondamentale d’Haïti à travers un référendum prévu en juin prochain.’’

La CoEH dénonce ce positionnement des Nations-Unies, qui par cette disposition vis-à-vis de la Constitution, va contribuer, selon elle à aggraver la crise politique en Haïti.

L’organisation invite l’ONU à se ressaisir et à cesser de supporter en Haïti des stratégies qui renforcent les exclusions sociales et la discrimination.

‘’Au lieu d’investir dans cette réforme à marche forcée de la Constitution haïtienne, la CoEH demande à l’ONU de se montrer solidaire du peuple haïtien dans sa lutte contre la corruption, les violations de droit humain, l’impunité et les inégalités sociales et d’œuvrer en Haïti pour une société plus juste, plus inclusive et plus équitable, conclut le communiqué de la CoEH.’’