Haïti : Le parti EDE appelle les États-Unis à revoir l’interdiction d’entrée visant les ressortissants haïtiens…

Dr. Claude Joseph, Ex-premier ministre interimaire de fait...

PORT-AU-PRINCE, samedi 7 juin 2025 – RHINEWSLe Parti Les Engagés pour le Développement (EDE) a adressé une lettre officielle au secrétaire d’État américain Marco Rubio, dans laquelle il appelle Washington à réviser la récente mesure d’interdiction d’entrée sur le territoire américain visant les ressortissants de douze pays, dont Haïti. Le parti salue en revanche la décision des autorités américaines de classer les groupes armés « Viv Ansanm » et « Gran Grif » comme organisations terroristes.

Dans ce courrier formel transmis aux autorités diplomatiques américaines, le Parti EDE déclare « saluer la décision des États-Unis d’Amérique d’inscrire sur la liste des organisations terroristes les groupes criminels ‘Viv Ansanm’ et ‘Gran Grif’ », estimant que cette mesure constitue « un pas important dans la lutte contre la terreur que font régner ces groupes criminels en Haïti ». Le parti politique souligne que ces groupes armés « commettent des violences sexuelles atroces à l’encontre de femmes et de jeunes filles, contraignent des centaines de milliers de familles à fuir leur domicile, et contribuent à un climat de peur et de désespoir ».

Toutefois, le Parti EDE exprime de vives inquiétudes quant à la mesure américaine qui interdira, à compter du 9 juin 2025, l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de douze pays, dont Haïti. « Nous comprenons que cette mesure s’inscrit dans une volonté de préservation des intérêts nationaux américains. Cependant, nous souhaitons attirer votre attention sur les préjudices que peuvent causer une telle décision à notre pays », écrit le parti dans sa lettre, soulignant le risque d’aggraver la vulnérabilité des citoyens haïtiens « respectueux des lois, qui cherchent uniquement à voyager pour des raisons familiales, médicales, académiques ou économiques légitimes ».

Le Parti EDE met également en garde contre les conséquences indirectes de cette politique sur les flux migratoires. « Cette mesure ne fait pas de distinction entre les individus en situation régulière et ceux fuyant des conditions extrêmes. Elle risque également de favoriser les circuits clandestins », peut-on lire dans la correspondance.

Dans un rappel historique fort, EDE lie la détresse actuelle à une dette morale ancienne. Le parti évoque la dette d’indépendance imposée à Haïti par la France en 1825, qualifiée d’« inique », et dénonce « la passivité, sinon la complicité tacite, des grandes puissances de l’époque » face à cette injustice. « Aucun autre pays indépendant dans le monde moderne n’a dû racheter son droit à exister. Et pourtant, Haïti l’a fait — au prix de sa prospérité et au sacrifice de générations entières », souligne le document.

Le parti souligne également l’importance de la diaspora haïtienne aux États-Unis, estimant qu’« une majorité d’Haïtiens vivant aux États-Unis sont des travailleurs acharnés, respectueux des lois, qui contribuent à la prospérité économique américaine ». Il rappelle que les transferts de fonds de cette diaspora représentent plus de 20 % du produit intérieur brut haïtien, une manne financière essentielle à la survie économique du pays.

EDE avertit que « restreindre l’accès légal au territoire américain, suspendre des programmes comme le Humanitarian Parole ou menacer le Temporary Protected Status (TPS) ne fera qu’aggraver la crise humanitaire haïtienne ». Pour le parti, ces politiques « pourraient se révéler contre-productives à long terme, y compris pour les États-Unis ».

Enfin, le parti dirigé par l’ancien Premier ministre Claude Joseph rappelle que la contribution historique d’Haïti à l’émancipation des peuples du continent américain mérite d’être reconnue dans les politiques contemporaines. « L’indépendance d’Haïti, conquise au prix d’énormes sacrifices, a joué un rôle déterminant dans la reconfiguration géopolitique du continent. C’est notamment grâce à la défaite des troupes françaises à Saint-Domingue […] que Napoléon Bonaparte s’est résigné à vendre la Louisiane aux États-Unis. »