Les relations de la République Dominicaine avec Haïti ne se limitent seulement pas aux conflits…

Jean-Garry Denis, directeur executif de l'INHOPP...

Par Jean Garry Denis,Directeur Exécutif Institut Haïtien d’Observatoire de Politiques Publiques (INHOPP),

CAP-HAÏTIEN, vendredi 13 octobre 2023- Le Président  Constitutionnel  de la République Dominicaine, Ramon Arturo Caceres Vasquez  élu pour la période 1906 à 1912 fut  assassiné le 19 novembre 1911 par un groupe d’opposant   dirigé par Luis Tejera. Selon une version, le groupe dirigé par Luis Tejera avait pour objectif d’enlever le chef de l’État pour le forcer a demissioner, mais confronté ses aides de camp, ils l’ont finalement  abattu.

En effet, le Président Carceres faisait face à l’opposition du clan puissant des Jimenistes de l’ex Président Juan Isidro Jimenez Moya qui s’opposait a sa continuité à la tête de l’état.

Sous  la présidence de Carceres il y a eu une augmentation notable du Capital Américain dans le secteur agricole et du même coup une plus grande dépendance à la politique américaine.  De ce fait, une convention signée  en 1907 a placé les douanes et les finances dominicaines sous le contrôle de fonctionnaires  du Gouvernement  des Etats Unis.

Le  bilan du Président Caceres est  caractérisé par la pacification de diverses régions en RD, la régression de l’influence de los Caudillos dans la  politique dominicaine, la réorganisation de l’armée et  la construction d’infrastructures publiques. Sur le plan judiciaire, la stabilité du Gouvernement de Carceres a permis un niveau d’institutionnalisation de la justice jamais atteint  dans l’histoire dominicaine.

L’assassinat du Président Caceres  est suivi d’une période chaotique de révolutions  violentes, de coup d’états et  gouvernements éphémères,  jusqu’au l’intervention des marines américains en 1916 pour une periode de huit annees, soit en 1924.. Dans la même période, les américains ont débarqué en Haïti en 1915 et y ont dure 19 ansi.

Ce qu’il convient de noter,  les dominicains comme les haïtiens aujourd’hui  qui se refugient aujourd’hui en République Dominicaine ont fui la violence et l’instabilité de leurs pays après la mort du Président Cáceres pour se refugier en Haïti. C’est la répétition de l’histoire de l’autre cote de l’ile.

Apres l’assassinat  du Président, la migration haïtienne vers la République Dominicaine a subi une augmentation significative. En plus la violence des gang a produit une nouvelle catégorie d’immigrés vers la République Dominicaine .  En effet, selon le Listin Diario en date du 10 septembre 2023. Les Haïtiens occupent la première place des acheteurs étrangers de biens immobiliers en République Dominicaine.

En ce quia trait a la migration dominicaine du siecle passe pour fuir les turbulences suite a l’assassinat du President Ramon Carcerez, il convient de noter l’un des personnages les plus importants de l’histoire Dominicaine et de la littérature latino-américaine. Il s’agit du Professeur Juan Bosch, Ancien President Constitutionnel de la République Dominicaine  et leader de l’un des plus grands partis politiques dominicains se réclamant de la gauche démocratique. A l’âge de 2 ans,  le professeur était venu se refugier  se refugier avec ses parents en Haïti en 1911 ou Il a vécu jusqu’à l’âge de 6 ans dans la ville du Cap-Haitien.

Deux membres de sa famille ont pris naissance en Haiti. Il s’agit de sa petite sœur,  Angela Bosch Gavino née en 1911 et Francisco Bosch Gavino né en 1913.  Angela Bosch est la mère de l’une des femmes les plus influentes de la politique dominicaine durant ces 30 dernières années, Milagros Ortiz Bosch.  Ex-Sénatrice durant deux périodes, Vice Présidente sous la Présidence de  Hipolito Mejia et qui jouit d’une très grande appréciation dans les milieux politiques et intellectuels en Haïti.

Dans l’actuel gouvernement du President Abinader,  Madame Ortiz Boch assure actuellement  la fonction de Directrice d’Ethique et d’Intégrité Gouvernementale.

Le President Abinader pour une question banale de construction d’un canal  dépassant a peine  un mètre environ sur la Rivière Massacre a pris des mesures assimilée à une déclaration de Guerre. Dans sa stratégie de guerre, il a fermé sa frontière pour affamer davantage les haïtiens se trouvant déjà dans  une crise alimentaire. Il a aussi  mobilise son armée pour intervenir au besoin sur un peuple sans défense et sans une  armée de défense, en proie a  la violence des gangs et a l’exploitation des oligarques predateurs   qui lui ont pille ces richesses et l’ont reduit a cette misere abjecte. Heureusement que la dignite et l’honneur de ce peuple sont encore vivaces pour

Nous n’avons pas soulevé ce point pour alimenter un débat avec la propagande des extrémistes nationalistes et apporter des réponses a ces types de discours : Haïtiens, peuples ingrats, peuples cannibales. Répondre  à ces provocations, préjugés et fausses interprétations  consisterait à cacher le soleil avec la main.

Notre objectif consiste surtout a démontrer que les relations entre les  deux pays ne se réduisent pas seulement aux préjugés, conflits, propagandes mensongères des extrémistes et des fausses interprétations d’une histoire officielle. La relation entre les 2 peuples a toujours été  marquée par des faits concrets  de solidarité, d’amitiés et  de coopération mutuelle.  Lors du passage du cyclone de San Zenon en 1930, le pouvoir de Stenio Vincent a  été les premiers à apporter leurs secours au peuple dominicain, de même que lors du séisme de 2010 le gouvernement  de Fernandez a été le premier au chevet du peuple Haïtien.   

Le nationalisme de l’un des deux pays ne doit pas être considéré comme une exclusion ou un déni de l’autre. La différence dans le monde de la mondialisation est une richesse, on peut être différent et coopératif. Dans ce cas, les deux peuples doivent trouver ensemble des solutions aux problèmes communs.

Nous profitons de cette réflexion pour rendre un vibrant hommage a un grand ami du peuple haïtien, un grand admirateur de la musique haïtienne, spécialement de l’Orchestre Tropicana d’Haïti,  le feu Demetrio Ulysses Senfleur, ex Maire de la ville frontaliere  de Dajabon qui aurait joué un rôle de premier plan  pour atténuer ce conflit inutile et contenir la furie guerrière du Président Abinader.

En tout cas,  les Capois  fideles à leurs traditions d’humanisme  ne cesseront jamais de s’enorgueillir  d’avoir logé dans leurs villes deux grands noms du Panaméricanisme : Juan Bosch et Jose Marti.