Haïti, rareté de carburant : l’Etat et ses responsabilités.

Richelier Simonvil/Jacques Charles

Port-au-Prince, 20 juin 2020- Depuis environ 10 ans, la République d’Haïti fait face à une crise majeure qui affecte de façon inquiétante son économie.  En effet, toute suite après son intégration dans le programme de Petro Caribe qu’a mis sur pied le gouvernement vénézuélien (Hugo Chavez), le pétrole devient une source de financement participant à grande échelle dans la réalisation de certains « travaux » de l’Etat haïtien.

Il est quand bien même important de croire que malgré tout, suivant les données disponibles, le fond du pétrole n’a pas été utilisé de manière rationnelle.

D’ailleurs, le débat sur le gaspillage du fond de ce programme a été au cœur de tous les mouvements populaires durant ces trois  dernières années. De fait, la crise pétrolière dans laquelle le pays s’enlise actuellement, est, du coup, consubstantielle à cette histoire de mauvaise gestion.

Cependant, de nos jours, force est de constater que cela va de mal en pis. La crise devient carrément intenable.

Qui sont les principaux bénéficiaires de cette situation de crise calamiteuse ?

Ainsi, nous estimons qu’il est nécessaire de porter une réponse claire à travers des analyses judicieuses par rapport à cette question posée.

En pleine crise sanitaire du coronavirus, de longues files de conducteurs munis de gallons jaunes se forment dans les pompes à essence à la recherche du précieux liquide devenu de plus en plus rare, artificiellement, dit-on.

Dans l’attente d’être servis, des conducteurs se bagarrent, souvent pour rien. Les nerfs sont à fleur de peau. Sans prendre trop grande précaution pour se protéger contre toute éventuelle contamination au coronavirus, ils se  ruent vers les stations de service pour s’approvisionner en carburant. Leur survie en dépend.

En principe, le prix du carburant a la pompe est fixé par l’Etat. Cependant, en période de perturbation et de rareté réelle ou artificielle, le prix est selon le caprice des débiteurs. Et le gallon de gazoline se vend au marché noir jusqu’à cinq fois le prix réel. Tout ça se passe sans l’intervention de l’Etat.

Cette situation ne crée pas la stabilité au niveau du prix du carburant. L’essence étant un produit transversal, sa rareté entraîne automatiquement un dysfonctionnement majeur au niveau de toutes les structures de la société.

Il est une évidence que l’augmentation des prix du carburant à la pompe a des répercussions négatives sur les prix des produits de première nécessité et du transport en commun.

Déjà, les conducteurs de taxi (moto et voiture) ont augmenté les prix des courses au niveau des différents circuits. Ce qui ne manque pas de susciter des disputes entre chauffeurs et passagers. Si la situation n’est pas redressée, elle risque de déboucher sur un chaos difficile à gérer.

 

Auteurs: Richelier SIMONVIL

Jacques CHARLES