Haïti : Jésus ne répondra pas !

Eglise endommagee

New-Jersey, 18 août 2021– Les pleurs. Les cris. Les sanglots. Ceux-ci ne manquent pas. Le rationnel. Le scientifique. Le préventif. Ceux-là font rare.

En Haïti vit un peuple mythique, presque dépourvu de sens critique, qui questionne peu et accepte quasiment tout. Cette mentalité moyenâgeuse est si profondément ancrée que des gens continuent à croire dans la malédiction, dans la citoyenneté céleste, dans les oracles des prophètes, dans les prédictions des houngans et dans les augures des pasteurs protestants. Alors que, cette approche socioreligieuse n’est qu’un stimulus au sous-développement chronique du pays. C’est que le peuple haïtien ne maitrise pas trop bien le cycle de la vie cosmique ; il ignore bien des lois de la nature et interprète à son humble façon certains phénomènes géologiques.

Le séisme du 14 août 2021 vient d’affirmer un triste constat : Haïti a trop d’incultes. Cette catastrophe élucide que nombreux citoyens haïtiens méconnaissent des notions préliminaires sur la nature : ils ne savent pas que les tremblements de terre, les cyclones et les déluges sont un problème planétaire. Et, pour cause, il faut que les hommes se préparent à les affronter avec intelligence. Mais, non avec ni la prière ni les paters.

Nonobstant, après le passage du séisme, sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels, les jérémiades prolifèrent : certains requièrent le secours de la Vierge Marie, d’autres implorent le Dieu d’Israël quand la plupart s’adressent à Jésus de Nazareth ; ils font toutes ces pirouettes pour que les catastrophes naturelles cessent en Haïti. Mais, la réalité est qu’il y en aura toujours une. Le pays, avec cette marée d’hommes de foi, ne changera pas. Ceux qui préfèrent l’induction à la déduction, qui concluent à partir d’une simple observation, qui prient le dieu/Dieu des autres, qui rebaptisent les mornes d’Haïti avec des noms hébreux et qui prêchent un paradis céleste ne connaitront pas le bonheur de cette terre.

Que ces hommes sachent que la croyance est un comportement, une habitude, parfois une cécité, une approche sans rigueur scientifique ; malheur à eux qui expliquent l’univers sous de simple regards dogmatiques. Jésus peut être un sauveur spirituel ; mais, il n’existe aucun sauveur matériel pour cette humanité souillée de faim et de soif. Il n’y en pas un seul pays du monde qui ait changé par la prière.

D’ailleurs, les églises effondrées dans le Grand Sud étaient hôtes d’une panoplie d’oraisons ; pourtant elles chutent. Les Cayes et Jérémie sont des villes remplies de saints, d’amulettes et de chapelets, pourtant elles sont aujourd’hui à genoux. D’un sort égalitaire, bien des vies religieuses disparaissent dans les décombres en évoquant le nom de Jésus.

Jésus est un personnage humain donné pour dieu ; fictif ou réel, il n’a pas changé le monde en paradis, lors de son passage sur terre. Vouloir ou pouvoir, il n’a pas sauvé ses apôtres qui étaient pendus, égorgés, décapités et lapidés. Autrement dit, Jésus ne procure pas toutes les solutions aux problèmes humains. Ceux qui le prient pour les catastrophes naturelles, me paraissent irrationnels. À coup sûr, aux calamités haïtiennes, il ne répondra pas.

 

Jean-Rony Monestime André

Adjunct Prof. Seton Hall University, NJ

BA en Études Interdisciplinaires ; BS en Médecine Nucléaire,

MHA-Maitrise en Gestion de Sant ; PhD-Doctorant en Science de la Santé

Email : Jean-rony.andre@shu.edu