‘’Haïti, crise socio-politique : l’urgence d’agir maintenant ‘’…

Jean-Michel Lapin, Ex-premier ministre...

Jean-Michel Lapin, Ex-Premier ministre

 PORT-AU-PRINCE, 11 juin 2023– L’équilibre démocratique exige la nécessité d’une opposition constructive, dans un élan d’orientation des grandes actions de développement socio-économique au bénéfice du bien –être collectif.

C’est pourquoi, aujourd’hui, dans le souci d’être utile à une résolution de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays depuis plus de Trente Six (36) mois, j’ai vu, encore une fois, la nécessité de sonner l’alarme de “l’urgence”.

Oui, l’heure n’est plus aux négociations politiques, qui depuis plus de 22 mois, d’accord en accord, jusqu’à la création du Haut Conseil de Transition, n’ont pas pu permettre de rétablir l’autorité de l’Etat, la sécurité publique et l’apaisement social, indispensables à l’organisation de toutes élections, devant rétablir l’Etat dans son format constitutionnel : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Il y a donc, l’urgence d’agir maintenant, dans la dynamique d’un gouvernement d’austérité, fort, ayant comme priorité la sécurité publique, le renforcement des institutions liées à l’organisation des élections : les Ministères de la Justice, de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, de la Défense, le secrétairerie d’Etat à la Sécurité Publique, l’Office Nationale d’Identification, la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti. La priorité doit être aussi de créer le Conseil Electoral Provisoire suivant le prescrit de la constitution de 1987;

Des actions réelles aux fins d’améliorer la gestion des administrations, dans la dynamique d’une gouvernance équilibrée et transparente, par la redéfinition des responsabilités du Haut Conseil de Transition et l’implication de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, en tant qu’organe indépendant de contrôle, légalement prévu par la constitution.

L’urgence d’agir maintenant, pour un climat stable et apaisé, par l’établissement de nouveaux partenariats avec les rectorats des universités, les écoles, les églises, les lakous et certaines associations de la Société Civile, pour l’orientation et l’exécution des programmes d’apaisement social du gouvernement.

L’urgence d’agir maintenant, pour le fonctionnement des structures éducatives et sanitaires, au bénéfice des familles en situation économique difficile.

L’urgence d’agir maintenant, pour réaliser l’amendement constitutionnel, aux fins de la révision des attributions du pouvoir législatif, de l’indépendance réelle du pouvoir judiciaire, du renforcement de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, de la création du Haut-commissariat d’audit et de décharge et l’intégration réelle de la diaspora dans les affaires socio-économiques et politiques du pays.

Et enfin, l’urgence d’agir maintenant au bénéfice d’un programme de support au fonctionnement réel du pouvoir judiciaire et les partis politiques.

Voilà à quoi doit s’adonner ce gouvernement de transition afin de sortir le pays dans ce marasme d’ingouvernabilité, le résultat d’une opposition politique sans dessus dessous, depuis plus de cinq (5) ans.