Capitulation de la police dans le fief des rebelles de Village de Dieu : Le Haut Commandement reste toujours muet

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Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 12 mars 2021 –(RHInews)- Des voix s’élèvent déjà dans l’opinion pour réclamer la démission du Directeur général par intérim de la police Léon Charles, suite à une opération policière le 12 mars à Village de Dieu qui a tourné au cauchemar.

Au moins cinq (5) policiers (SWAT et BOID) ont été faits prisonniers puis tués et huit autres blessés dans une embuscade à l’intérieur de ce vaste bidonville contrôlé par de puissants chefs de gangs armés du “commandant IZO”.

L’un des blindés de reconnaissance de la police s’est enlisé dans un bourbier duquel il était extrêmement difficile de l’extraire. Il s’agissait en fait d’un guet-apens sous forme de tranchée tendue par les civils armés pour faire tomber l’ennemi.

En plus, les rebelles, fort de leurs accointances dans la plus haute sphère du pouvoir politique, auraient déjà eu en leur possession le plan détaillé de l’opération de la police, quelques jours auparavant, selon une source qui a requis l’anonymat.

A travers cette débâcle de la police face à des rebelles en haillon, c’est toute la République qui a été humiliée, avilie comme au temps de l’affaire du capitaine Batstch, en 1872.

La veille, des mouvements de troupe étaient signalés aux alentours de Village de Dieu en prélude à une opération policière de grande envergure pour “déloger” les bandits “politiquement motivés”, “bien armés et monnayés”.

Entre temps, sur la base d’informations reçues, les rebelles fourbissaient leurs armes et utilisaient la population à l’intérieur du Village comme bouclier et éclaireur, lors de l’arrivée des unités de la police, selon d’autres sources concordantes.

Sans stratégie, appui aérien et technologique dans le pire des cas, l’opération policière montée à la va-vite n’a pas tenu compte de la configuration de la zone pour éviter tout dommage collatéral et autres agressions venant de l’extérieur des bandes armées de Grand Ravine, Ti Bwa et Base Pilate.

D’ailleurs, la police opérait dans un terrain nettement hostile, sans appui de la population civile du Village de Dieu pratiquement acquise à la cause des gangs, vraisemblablement pour des raisons économiques et sociales.

Ajouter à cela, une frange du PHTK, le parti au pouvoir, fait allégeance à ce groupe armé qui probablement joue un rôle de contrebalance du pouvoir politique face à l’opposition qui semble gagner la sympathie des masses des bidonvilles de la mégapole de Port-au-Prince.

Le feu “commandant” Arnel Joseph qui dirigeait ce groupe de rebelles avait avoué à un juge d’instruction qu’il a été “grassement payé” par des proches du pouvoir pour faire, par moment, de la banlieue sud de la capitale une poudrière.

En plus, le Haut commandement de la police semblait minimiser la capacité de résistance et de nuisance des bandits pour une opération pour laquelle les unités spécialisées n’étaient pas préparées techniquement et moralement, ne disposant pas d’information pertinente sur l’arsenal de l’ennemi et de sa capacité de résistance.

Selon une source policière qui souhaite garder l’anonymat, des agents spécialisés engagés au combat n’ont pas reçu à temps le renfort sollicité, face à la force de frappe des bandits qui maitrisaient mieux le terrain.

Déjà, cinq opérations armées entrent 2020 et le début de 2021 pour tenter de reprendre le contrôle du Village de Dieu ont piteusement échoué par une institution policière hautement politisée et traversée par des luttes intestines.

La dernière opération en date du 12 mars 2021 s’est révélée une vraie catastrophe pour la police qui fait fi des valeurs républicaines et démocratiques, laissant derrière elle des cadavres, des armes, des munitions, des matériels de communication et deux véhicules blindés.