Pres de 12 mille personnes croupissent dans l’enfer des prisons haïtiennes dans des conditions infrahumaines, selon la CE-JILAP

Une facade du Penitencier National

Port-au-Prince, 21 mars 2021- La Commission Episcopale Justice et Paix (CE-JILAP) des conditions grabataires dans lesquelles près de douze (12) mille personnes sont détenues dans les prisons civiles haïtiennes.

Dans un communiqué rendu public le 21 mars 2021 sur l’état des prisons, la CE-JILAP fait remarquer que les centres carcéraux du pays sont surpeuplés. Mal entretenus et mal nourris, la plupart des détenus sont tombés malades et n’ont pas accès aux soins de santé que nécessite leur cas, en violation de leurs droits.

De nombreux prisonniers sont décédés faute de soin et de nourriture, notamment dans les prisons de Jacmel, de Hinche et du Pénitencier national à Port-au-Prince entre autres, selon la Commission qui souligne que l’Etat haïtien dispose d’un faible budget de huit-cents millions de gourdes pour faire fonctionner l’ensemble des prisons du pays à raison de 125 gourdes par détenu par jour pendant 365 jours.

La commission se montre particulièrement préoccupée par le phénomène de la détention préventive illégale et prolongée où 80% des personnes détenues sont toujours en attente de jugement pendant que l’appareil judiciaire est paralysé par une grève des magistrats depuis plus d’un mois et que de nouveaux prévenus continuent d’arriver dans les centres carcéraux.

‘’De 3,200 en 2020, la population carcérale du Pénitencier national est passé à près de quatre mille (4000) détenus, un nombre totalement au-dessus de la capacite d’accueil de la principale prison civile du pays, souligne la CE-JILAP.’’

Déplorant que les parents des détenus doivent se casser la tête pour pallier l’insuffisance de l’Etat dans l’entretien de leurs proches, la commission critique le comportement des parlementaires qui n’ont pas voté les lois d’application de la constitution, des juges qui ne se sont pas acquittés de leurs taches pour favoriser le décongestionnement des prisons.

La CE-JILAP dit noter qu’en dépit de l’expiration de son mandat depuis le 7 février dernier, Jovenel Moïse décide de rester illégalement au pouvoir, sans mandat constitutionnel et dirige par décret, changeant ainsi tout le cadre légal du pays.

La commission souligne le fait que Jovenel Moïse ait fait arrêter un groupe de citoyens le 7 février 2021 à Petit-Bois (Tabarre) dont le juge Yvickel Dabrésil, Marie-Louise Gauthier, inspectrice générale de la police nationale, les accusant de comploter contre la sûreté intérieure de l’Etat et de tentative d’assassinat contre sa personne.

La CE-JILAP dénonce également la décision arbitraire du pouvoir de facto de mettre à la retraite trois (3) juges de la Cour de Cassation et de nommer trois autres pour les remplacer en violation de l’article 177 de la constitution qui consacre l’inamovibilité de ces magistrats.

La commission appelle à la libération de tous les prisonniers politiques, à la reprise des activités dans les tribunaux soulignant que les magistrats doivent se rappeler qu’après la vie, la liberté est le plus gros bien d’une personne et la justice est un service public.

La CE-JILAP souhaite aussi que le ministère de la justice et les parquets prennent toutes les dispositions en vue d’améliorer les conditions de vie des prisonniers dans les centres carcéraux du pays, sachant que des détenus placés sous la responsabilité de l’Etat ne doivent pas attraper des maladies et en meurent pendant qu’ils sont en prison.