Libération de Jean Eliobert ‘’Eddy One’’ Jasmé : Un scande de plus pour la justice haïtienne, selon Pierre Espérance

Pierre Esperance, Directeur Executif du RNDDH

Port-au-Prince, 31 janvier 2021- Pierre Esperance, directeur exécutif du réseau haïtien de défense des droits humains (RNDDH), estime que la façon dont Jean Eliobert ‘’Eddy One’’ Jasmé a été libéré le 27 janvier 2021 par le juge Legroise Avril est entachée d’irrégularité.

Jean Eliobert Jasmé ainsi que son chauffeur Pouchon Joseph et deux policiers, Dieudonné Ysa et Alex Mompremier, ont été arrêtés le 28 octobre 2020 respectivement à Léogâne et à Gressier (Ouest) lors d’une opération policière.

Il a été retrouvé en leur possession des armes de guerre et quatre-vingt-trois (83) kilos de cocaïnes.

Jean Eliobert Jasmin ‘’Eddy One,’’ ancien trafiquant de drogue très connu à Port-au-Prince, a été condamné à vingt (20) ans de prison aux Etats-Unis par le juge Marcia Cooke d’un tribunal à Miami.

Il était parmi les premiers trafiquants de drogue haïtiens à être transférés aux Etats-Unis puis jugés par la justice américaine.

Le juge Legroise a rendu une ordonnance de main levée d’écrou en faveur Jean Eliobert Jasmé sans faire mention du chef d’accusation de trafic illicite de stupéfiant retenu contre lui. Il a fait extraire le prévenu de sa cellule et l’a remis en liberté sans que le commissaire en chef n’ait visé l’ordonnance, selon Me Gabriel Ducamel.

Le juge instructeur aurait agi avec la complicité du substitut commissaire du gouvernement, Jean Abner Emile qui a émis l’ordre de libération de Eddy One. Me Jean Abner Emile été mis en disponibilité sans solde pour ‘’faute administrative grave’’ par le ministère de la justice.

Le militant des droits humains souhaite qu’une enquête judiciaire approfondie soit diligentée afin d’établir les responsabilités pénales du substitut commissaire du gouvernement ainsi que toutes les autres personnes impliquées dans cette affaire.

Pour Pierre Espérance, cette libération suspecte de Jean Eliobert Jasmé est motivée économiquement. M. Esperance fait remarquer cette pratique est devenue monnaie courante au niveau de l’appareil judiciaire haïtien, notamment dans la juridiction de Port-au-Prince où la justice fonctionne à double vitesse.

Selon le défenseur des droits humains, les dossiers judiciaires qui concernent des proches ou alliés du pouvoir en place sont distribués à des juges qui les expédient rapidement tandis que les dossiers liés aux revendications populaires dont Petrocaribe continuent de trainer en longueur au palais de justice de Port-au-Prince.

M.Espérance interpelle le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) pour qu’il enquête sur la façon dont les dossiers sont distribués au niveau du décanat du tribunal de première instance de Port-au-Prince.

Il affirme que des scandales a répétions éclaboussent l’appareil judiciaire depuis trois (3) ans dans la juridiction et rien n’a été fait pour redresser la situation.