L’évasion de la prison civile de la Croix-des-Bouquets était un acte planifié suivi de traque et d’exécutions sommaires de détenus, selon le RNDDH

Vue exterieure de la Prison Civile de la Croix-des-Bouquets

Croix-des-Bouquets, 4 avril 2021- Selon une enquête du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), au moins trente-deux (32) personnes ont été tuées dans les évènements sanglants survenus le 25 février 2021 à la prison civile de la Croix-des-Bouquets.

Le rapport d’enquête du RNDDH souligne que vingt-huit (28) des victimes sont décédées le jour de l’évasion spectaculaire qui a tourné au drame.

‘’Le responsable de la prison a été tué devant la barrière et 6 détenus, dans l’enceinte-même de la prison, selon le rapport qui précise que vingt-et-un (21) autres détenus ont été systématiquement traqués par les agents des unités spécialisées de la PNH et ont été sommairement exécutés dans les rues de la Croix-des-Bouquets.’’

Quant à Arnel Joseph pour qui l’opération a vraisemblablement été menée, il a été tué au lendemain des faits, à l’Estère, dans le département de l’Artibonite et 3 autres détenus ont succombé à leurs blessures à l’HUEH, souligne le RNDDH.

Lors de ces évènements, dix-huit (18) personnes ont été blessées parmi elles, au moins 3 membres du personnel affecté à la prison, tandis que 433 détenus se sont évadés. A date, seuls quatre-vingt-sept (87) d’entre eux ont été réappréhendés. Et, 346 détenus sont encore en cavale, ce qui ne semble pas inquiéter outre mesure, les autorités policières, note le rapport du RNDDH.

Contrairement a certaines rumeurs selon lesquelles des riverains avaient aussi été tués le 25 février 2021, le RNDD affirme que, ‘’tous ceux dont les cadavres ont été remarqués dans les rues sont des détenus, pris en chasse par la police et froidement abattus.’’

L’organisme des droits humains fait remarquer dans son rapport que certains des détenus en cavale, sont réputés très dangereux. Il cite le cas de Gilbert Joseph qui, 2 jours après son évasion, s’est rendu dans la résidence du magistrat Jeanty Souvenir et l’a criblé de balles avant de s’installer, avec 12 de ses acolytes qui étaient en prison avec lui, à Belle Fontaine, où il a calmement recommencé à opérer, soutient le rapport.’’

L’enquête du RNDDH révèle aussi des failles et légèretés dans le fonctionnement de la prison civile de la Croix-des-Bouquets où ‘’l’absence répétée des agents sur leurs lieux de travail était fréquente, un (1) cadenas par barrière, commerce de nourriture dans la prison, téléphones portables en vente à la prison : le fonctionnement de la prison civile de la Croix-des-Bouquets dénotait un désordre généralisé, écrit le RNDDH.’’

L’organisme des droits humains signale que, ‘’Les 2 tentatives d’évasion de Arnel JOSEPH en 2020 et les rumeurs persistantes sur la préparation de l’évasion du 25 février 2021 n’ont pas été prises au sérieux par les autorités pénitentiaires.’’

Le rapport fait état du maintien d’un commerce pour lequel est indexé des responsables de la prison, le laxisme de ces derniers en matière de sécurité de l’espace carcéral, l’absence répétée des agents de la DAP sur leurs lieux de travail, auraient pu de toute façon, faciliter l’évasion de tous les détenus observateurs.

Le RNDDH recommande à la Direction Générale de la PNH, à la DAP et à l’IGPNH de prendre contact avec les membres des familles des 31 détenus décédés dans le cadre des événements du 25 février 2021 ; publier les noms et les photos des 346 détenus en cavale ; enquêter sur l’implication des agents dans la préparation de l’évasion du 25 février 2021 et  sur les nombreuses activités commerciales des agents au sein de la prison ; élucider les circonstances de l’assassinat du responsable de la prison, Paul Joseph Hector.

Trois enquêtes seraient en cours au niveau gouvernemental sur les évènements du 25 février 2021 à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, mais le RNDDH note que ces investigations continuent de trainer en longueur.