Cambriolage à répétition et disparition de corps du délit au Parquet de Port-au-Prince ; une pratique devenue monnaie courante

Palais de Justice

Casser le parquet, lieu censé hautement sécurisé, pourrait être impensable. Pourtant, de mystérieux vols ont souvent lieu au Parquet de Port-au-Prince et même au bureau du doyen du tribunal civil. Des voleurs professionnels parviennent à cambrioler le parquet de Port-au-Prince sans détruire les serrures ni les portes d’entrée pour s’introduire à l’intérieur et emporter des corps du délit et faire disparaitre des dossiers…

Port-au-Prince, 10 Août 2020- Des cambriolages ont lieu de temps en temps au parquet, à la Cour d’Appel de Port-au-Prince et quelques fois aux bureaux de certains juges.

En général, les cambrioleurs emportent des corps du délit dont de l’argent, des armes, des bijoux, des motocyclettes, des voitures, des camions, de la marijuana et autres. Ces éléments servent de pièces à conviction dans le cadre de la préparation et la tenue de procès criminels.

Jacquecius Occilien, un habitué du parquet a confié à RHINEWS que récemment un vol a eu lieu au Parquet de Port-au-Prince. Il a fait savoir également qu’un montant de cent quinze (115,000) mille gourdes et plus de cinq (5000) dollars américains ont disparu au greffe du Parquet. Seul le greffier en chef a les clés et personne n’a fourni aucune explication sur cette disparition mystérieuse, a souligné Jacquecius Occilien.

Il a fait remarquer qu’aucune enquête n’a été diligenté pour faire la lumière sur ces vols à répétition qui ont souvent lieu au Parquet de Port-au-Prince. La seule fois qu’une enquête a eu lieu sur un vol commis au parquet, c’était sous l’administration du commissaire du gouvernement Ocname Clamé Daméus, a-t-il indiqué.

La personne concernée a été révoquée puis mise aux arrêts, selon ce qu’a affirmé M. Occilien qui note que les cambriolages se sont intensifiés au cours des douze (12) derniers mois au parquet de Port-au-Prince.

Les véhicules (camions et voitures) saisis lors d’opérations policières sont démolis littéralement pour être vendus par pièce, a-t-il signalé. M. Occilien a affirmé aussi que certains individus liés au personnel judiciaire du parquet utilisent à des fins personnelles, certaines motocyclettes saisies par la justice.

Selon lui, les auteurs de ces actes ne viendraient pas de l’extérieur. Il y aurait, a précisé Jacquecius Occilien, un réseau de ‘’malfaiteurs’’ composé de commissaires du gouvernement, de greffiers, d’agents de sécurité et autres qui opèrent dans le milieu judiciaire.  Ils font disparaitre aussi des dossiers certaines fois, selon ce qu’il a révélé à RHINEWS.

Il a fait savoir que certains substituts commissaires du gouvernement auraient leurs propres courtiers pour arnaquer des justiciables afin d’accélérer la marche de certains dossiers ou faire libérer certains prisonniers.

‘’Certains individus n’ayant ni titre ni qualité et qui ne travaillent pas au Parquet ont libre accès aux dossiers des plaintes des justiciables, déplorent-il, précisant que parfois, ces derniers déchirent des plaintes sans être traités par les autorités compétentes.’’

Vehicules saisis

Occilien a indiqué aussi que la plupart d’entre les parquetiers auraient entretenu de solides relations avec le milieu du crime organisé et seraient impliqués dans des vols de terrain. Se disant indigné par ce qui se passe au niveau du parquet de Port-au-Prince, il a affirmé que, c’est le lieu où les responsables peuvent s’enrichir illicitement en quelques mois alors qu’en général, ceux-ci ne perçoivent leur salaire que rarement.

Il a souhaité que le pouvoir judiciaire diligente une enquête sur le fonctionnement des parquets afin de mettre fin au désordre qui règne dans ce milieu, précisant que la justice ne peut pas être regorgée de ‘’voleurs et de criminels’’ qu’elle est censée combattre.

En 2019, le bureau de Me Bernard Sainvil, Doyen du tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, a été cambriolé. Des individus ont dérobé 5 millions de Gourdes dans le dossier de l’ex-Député Arnel Bélizaire, écroué depuis le 29 Novembre 2019 pour détention et port illégal d’armes de guerre.

Les vols de corps du délit sont fréquents dans le milieu judiciaire haïtien. Jusqu’ici, très peu de cas ont fait l’objet de poursuites…