Haïti/Droits humains : La démocratie et les droits humains menacés en Haïti, selon la POHDH

Jovenel Moise, president ''de facto'' d'Haiti

Port-au-Prince, 11 décembre 2020- La Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH) se déclare profondément préoccupée par la détérioration de la situation des droits humains et la velléité du régime du PHTK d’établir une dictature en Haïti.

Dans une déclaration rendue publique à l’occasion de son 29e anniversaire, la POHDH dit constater depuis deux ans, la prolifération des gangs armés qui opèrent avec la complicité du pouvoir et agissent en toute impunité.

Cette plateforme qui regroupe un ensemble d’organisations de défense des droits humains dont CRESFED, GAJ, ICKL, JLAP, PAJ, SKL et RNDDH, relève qu’au cours de deux (2) dernières années, au moins dix (10) massacres ont été perpétrés dans les quartiers populaires, de janvier à août 2020 neuf-cent quarante-quatre (944) personnes ont été assassinés, cent-vingt-quatre (124) cas de kidnapping confirmés, les libertés individuelles se réduisent, les citoyens se retrouvent en proie à la criminalité grandissante caractérisée par le viol, le vol, l’assassinat et l’exécution sommaire…

La POHDH souligne également que ‘’les rassemblements publics et les mouvements de protestation pacifiques sont systématiquement réprimés par la police qui, à chaque fois, utilise abusivement le gaz lacrymogène, des projectiles en caoutchouc et réels, qui causent de nombreuses victimes.’’

Elle fait référence notamment à deux sit-in pour la vie organisés par l’organisation ‘’Nou Pap Domi’’ devant le ministère de la justice le 29 juin et le 6 juillet qui ont été violemment dispersés par des unités spécialisées de la PNH, soulignant qu’entre 2018 et 2019, quarante-deux (42) personnes sont mortes d’une balle à la tête dans les manifestations contre le régime du PHTK et, dans le même temps, précise la POHDH des citoyens qui réclament la reddition des comptes font l’objet de persécutions politiques .

Dénonçant la multitude de décrets anticonstitutionnels pris par Jovenel Moïse dans le but évident de contrôler le pouvoir, l’organisation dit déplorer la mise sous commande des institutions qui garantissent la démocratie et les droits pendant que le pays se trouve exposé à la dictature.

La POHDH fait remarquer que l’impunité règne en maitre et seigneur dans le pays alors que la justice qui est appelée à sanctionner les infractions et punir les criminels, reste muette. Selon elle, depuis l’arrivée au pouvoir de Jovenel Moïse, la situation de dysfonctionnement de l’appareil judiciaire qui connaissait déjà des problèmes d’ordre organisationnels et structurels, s’est empirée.’’

Cette organisation de promotion et de défense des droits humains déclare constater une volonté manifeste du gouvernement de contrôler l’appareil judiciaire a travers certaines nominations irrégulières. ‘’De nombreux dossiers judiciaires dont celui de l’assassinat de l’ancien bâtonnier Monferrier Dorval sont bloqués, soutient la POHDH.’’

Dénonçant la dégradation accélérée des conditions socio-économiques de la grande majorité de la population, l’organisation exprime également ses préoccupations quant à la violation des droits sociaux des haitiens dont l’éducation, le travail, la sante, l’alimentation, le logement etc.

En guise de recommandation, la POHDH estime que le combat pour le respect des droits humains doit être poursuivi sur plusieurs dossiers fondamentaux notamment ceux relatifs aux assassinats et aux massacres perpétrés dans les quartiers populaires pour mettre fin à l’impunité ; a la corruption tels que le gaspillage des 4.2 milliards de dollars du programme Petro Caribe et à l’affaire Dermalog afin d’aboutir à un procès juste et équitable ; et aux décrets arbitraires et inconstitutionnels du président Jovenel Moïse qui exposent le pays a la dictature, conclut la déclaration de la POHDH.

 

Déclaration de la POHDH à l’occasion de son 29è anniversaire