Exclus, appauvris, et victimes d’injustice ; les paysans haïtiens continuent d’être considérés comme une quantité négligeable, selon AREDE

Milostene Castin, Dirigeant de AREDE

Terrier-Rouge, 10 janvier 2021- Du point de vue de l’Action pour la Reforestation et la Défense de l’Environnement (AREDE), les paysans constituent le secteur le plus méprisé en Haïti notamment par les pouvoirs publics qui participent aussi à la violation de leurs droits fondamentaux.

Le coordonnateur de l’ARRED, Milostène Castin déclare constater que les conditions d’existence matérielle des paysans se sont détériorées considérablement ces dernières années avec pour conséquence immédiate et directe, l’appauvrissement accéléré des gens considérés comme des ‘’Moun’’ (citoyens) en dehors.

Généralement livrés à eux-mêmes, sans encadrement ni assistance des pouvoirs publics, les paysans continuent de fuir les sections communales à la recherche de meilleures conditions de vie dans les villes ou à l’étranger.

‘’Ils abandonnent la terre, ceux qui en ont, pour devenir chauffeurs de taxi moto ou réfugiés économiques dans des pays étrangers après des voyages clandestins parfois très risqués, selon Milostène Castin qui souligne que de nombreux paysans, contrairement à l’article 39 de la constitution de 19 87, n’ont pas accès à la terre pour gagner leur vie.’’

Interrogé par RHINEWS, Milostène Castin indique les paysans sont victimes systématiquement de l’insécurité criminelle généralisée entretenue par les gangs armés liés, selon lui, au pouvoir en place. Il souligne que les bandits pillent les récoltes, le bétail et assassinent des paysans un peu partout à travers le pays dans l’indifférence la plus totale des autorités qui affichent leur passivité complice face aux malfrats.

Il précise que les paysans sont particulièrement victimes d’insécurité foncière, un phénomène qui a empiré notamment avec l’arrivée au pouvoir du régime du PHTK et alliés.

‘’En plus de ne pas garantir la sécurité de leur vie et de leurs biens, Milostène Castin note que les paysans des départements du Nord et du Nord-est ont été dépossédés de leur terre. Il affirme que pas moins de dix (10,000) mille hectares de terre des paysans ont été extorqués par ce qu’il appelle un gang d’Etat impliquant la famille présidentielle ses proches, des parlementaires en fonction ou anciens parlementaires, des membres du pouvoir judiciaire et certains éléments des pouvoirs locaux, selon M. Castin.’’

Il informe que les spoliateurs sont particulièrement intéressés aux terres situées près de la mer, près des routes et surtout dans les zones où sont localisées des mines d’or etc.

Milostène Castin souligne également que de nombreux paysans sont persécutés par les autorités locales pour avoir revendiqué leurs droits de propriétés sur les terres spoliées par des proches du pouvoir en place.

Il affirme que certains paysans ont été arrêtés et d’autres ont dû gagner le marquis pour échapper à la prison. C’est donc une campagne de répression systématique que sont victimes des paysans de Terrier-Rouge, de Trou du Nord, de Caracol, de Ouanaminthe, de Ferrier etc.

M. Castin informe également que la justice du Nord-Est a émis plusieurs mandats à l’encontre de nombreux paysans. Une démarche qui consiste, selon lui, à intimider ces paysans qui n’ont aucun recours.

‘’Le secteur paysan ne peut se relever sans un accompagnement réel de l’Etat ni un effort effectif visant a freiner l’exclusion, l’injustice et l’appauvrissement a outrance dont il est victime, soutient Milostène Castin.’’