Crise sécuritaire à Port-au-Prince : Relocalisation de 13 écoles nationales suite aux violences des gangs armés…

Des ecoliers du Lycee Jean Jacques Dessalines...

Par Jude Martinez Claicidor,

PORT-AU-PRINCE, le 16 décembre 2023 – Face à une escalade inédite de la violence en Haïti perpétrée par des gangs armés, le Ministère de l’Éducation Nationale a pris une décision sans précédent.

Dans une note datée du 13 décembre 2023, le ministère a confirmé la relocalisation de 13 écoles nationales dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.

Cette mesure vise à protéger les établissements éducatifs devenus le refuge de déplacés fuyant les violences qui sévissent notamment à Carrefour-Feuilles, Martissant et Grand Ravine.

Parmi les écoles touchées par cette relocalisation, on compte des institutions emblématiques telles que le lycée Jean-Jacques Dessalines, actuellement partiellement hébergé à l’Institution Paul Robert sur l’Avenue Christophe, le lycée Anténor Firmin, temporairement logé au collège Frère Franciscain sur le chemin des Dalles, et l’école nationale du Paraguay, momentanément abritée au collège Pyramide à la place Jérémie.

La violence des gangs a eu des répercussions dramatiques sur le secteur éducatif à Port-au-Prince. Les établissements opérationnels à Carrefour-Feuilles fonctionnent dans des conditions extrêmement difficiles, marquées par des détonations et des tirs provenant de gangs armés. « Les directeurs, les professeurs, les élèves évoluent dans un environnement d’apprentissage empreint de peur et de stress », explique un enseignant d’une école catholique à Carrefour-Feuilles.

Pour de nombreux élèves des quartiers touchés tels que Carrefour-Feuilles, Martissant et Grand Ravine, le retour à l’école est un rêve lointain en raison de la violence persistante.

Leurs familles, souvent démunies économiquement, ne peuvent pas se permettre de les envoyer à l’école, créant ainsi une brèche inquiétante dans l’éducation des jeunes Haïtiens.

Avec l’occupation par des déplacés de plusieurs écoles nationales, le spectre du vandalisme plane, menaçant de causer des pertes de mobilier, des dégradations des établissements, voire des dommages structurels. Ces risques pourraient fragiliser davantage l’État, déjà limité dans ses investissements éducatifs.

Le secteur de l’éducation est l’un des plus durement touchés par la violence des gangs. La plupart des écoles à Port-au-Prince n’ont pas pu ouvrir leurs portes en septembre 2023, conformément au calendrier scolaire, en raison des tensions qui régnaient dans la capitale à cette époque. Un exode massif de parents, d’élèves et d’enseignants vers les provinces a été observé, certains profitant même du programme de migration de l’administration Biden pour quitter le pays.

Des écoles prestigieuses de la capitale, comme le lycée français, ont également été touchées par la crise sécuritaire. Fermé depuis trois ans, cet établissement a opté pour un fonctionnement exclusivement à distance, suscitant des manifestations de parents et d’élèves réclamant le retour des activités en présentiel.

 

Cette situation souligne l’urgence d’une action coordonnée pour restaurer la sécurité autour des écoles et assurer un environnement propice à l’apprentissage.

L’éducation, en tant que pilier fondamental du développement, nécessite une protection accrue pour garantir aux générations futures le droit à l’instruction.

Les organisations représentant les travailleurs de l’éducation et les parents d’élèves ont à maintes reprises exhorté les autorités à prendre des mesures immédiates pour sécuriser les écoles, mettant en avant la nécessité d’une collaboration renforcée entre le gouvernement, les forces de police et les communautés locales pour mettre un terme à cette vague de violence compromettant l’éducation des enfants haïtiens.