Mine d’or au Burkina Faso : 90% de la production, soit 11,35 tonnes par an, appartiennent au Canada jusqu’en 2028…

Ibrahim Traore, President du Burkina Faso...

OUAGADOUGOU, lundi 25 décembre 2023- Au cœur du Burkina Faso, la mine d’or Essakane s’avère être une pépite aurifère d’une importance capitale. Le géant minier canadien Iamgold annonce des chiffres impressionnants dans son plan minier actualisé publié le lundi 18 décembre. Selon les prévisions, la mine pourrait générer environ 2,4 millions d’onces d’or de 2023 à 2028, équivalant à une moyenne annuelle de 400 300 onces, soit 11,35 tonnes. Cependant, l’ombre d’une réalité complexe plane sur cette richesse potentielle.

Iamgold, propriétaire à hauteur de 90%, s’attend à des dépenses d’investissement s’élevant à 502,7 millions de dollars pour la durée restante de la mine. Ces chiffres reposent sur une révision de l’évaluation du potentiel minéral du site, indiquant une augmentation significative de 21% des réserves minérales, atteignant 1,9 million d’onces au 30 septembre 2023, et une hausse remarquable de 37% des ressources minérales, totalisant 3,1 millions d’onces.

La mine d’or Essakane, qui a commencé son exploitation commerciale en juillet 2010, contribuait déjà pour 13,60 tonnes d’or à la production nationale en 2022, soit 480 000 onces. Pour l’année en cours, Iamgold vise une production de 422 000 onces d’or à Essakane.

Cependant, derrière ces chiffres prometteurs se profile un défi persistant qui touche non seulement le Burkina Faso mais toute l’Afrique. Bien que la mine soit située sur le sol africain, 90% de ses rendements reviennent au Canada, laissant seulement 10% aux Burkinabés. Ce schéma récurrent souligne le problème majeur auquel l’Afrique est confrontée : l’incapacité à profiter pleinement de ses propres ressources naturelles.

L’Afrique, depuis des décennies, extrait ses richesses sans réellement bénéficier de la manne économique que cela devrait générer. Le Burkina Faso n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, où le manque d’industrie de transformation conduit à une dépendance continue vis-à-vis des compagnies étrangères. La situation est d’autant plus critique dans un contexte de crise sécuritaire persistante et de changements politiques instables.

La Côte d’Ivoire a amorcé une correction de trajectoire avec des initiatives dans le secteur des noix de cajou, mais la marge de progression demeure considérable. Le continent africain continue de subir une fuite de ses ressources, incapables de les transformer localement pour en tirer un bénéfice économique significatif. Cette réalité explique en partie les déséquilibres notables, tels que la balance commerciale défavorable avec des partenaires majeurs comme la Chine.

Tant que l’Afrique n’engagera pas un changement radical dans la gestion de ses ressources naturelles, la région restera piégée dans un cercle vicieux, incapable de se donner les moyens d’un développement durable et de sortir ses populations d’une pauvreté endémique. La question de la souveraineté économique demeure cruciale pour l’avenir du continent.