La Circulaire 114-2 de la BRH, une épine aux talons des expéditeurs et bénéficiaires de transferts d’argent

TRANFERT D'ARGENT/ IMAGE D'ILLUSTRATION

Par JC,

Port-au-Prince, le 10 octobre 2020 –(RHInews)- Rien n’est encore fixé sur les nouvelles dispositions prises par la Banque de la République d’Haïti (BRH) pour réguler les transferts internationaux d’argent notamment en dollar américain, au regard de sa circulaire 114-2 relative au paiement en gourdes de ces transferts, au taux de référence de la BRH.

Cette disposition qui suscite encore la grogne, loin d’aider à soulager les bénéficiaires de transferts internationaux en dollar américain, contribue plutôt à les priver de la devise américaine pour effectuer leurs propres transactions.

Cette situation, bien au contraire, vient conforter les banques commerciales de la place qui y font leur beurre.

Aux dires de la BRH, l’application de la circulaire 114-2 vise à standardiser la valeur du transfert à n’importe quel point du territoire national pour un bénéficiaire quelconque.

“Il s’agit d’une mesure contraignante pour un bénéficiaire d’un transfert en le privant du billet vert, au bénéfice des banques commerciales d’Haïti”, a déclaré une jeune mère de famille résidant dans le district de Columbia (USA).

Tout en critiquant la mesure de la BRH qu’elle a assimilé à une forme de parti pris en faveur des banques commerciales, cette haïtienne réclame le retrait de cette mesure qui pénalise, selon elle, tant les haïtiens de l’intérieur que de l’extérieur.

Alfredo qui habite à Brooklyn/New-York a expliqué qu’il était obligé d’envoyer à sa tante 300 dollars américains en Haïti pour l’achat de Polo shirt Piqué pour ses fils qui doivent retourner à l’école. Une fois le montant reçu en gourdes, sa tante doit trouver beaucoup plus de gourdes pour racheter les mêmes 300 dollars américains d’une succursale de banque pour apporter à l’établissement scolaire.

“C’est à la fois absurde et pernicieux”, s’est-il exclamé.”

A titre d’exemple, un compatriote des Etats-Unis a envoyé en Haïti le 9 octobre 2020, 300 dollars américains. Il a payé 11, 99 dollars US à titre de frais. Le bénéficiaire recevra en Haïti la contrepartie en gourdes qui est calculée automatiquement, soit 18 mille 759 gourdes et 82 centimes, sans compter les frais de la Banque Centrale de 1, dollar 50 qui équivalent à 93 gourdes 79 centimes. Le taux du dollar s’échangeait à ce moment précis à 62 gourdes 5327 centimes.

Mis à part cette situation pour le moins contraignante, de longues files d’attente sont observées devant les rares succursales et agences qui fonctionnent encore. Plusieurs bénéficiaires ont déclaré craindre pour leur sécurité.

A l’initiative de l’Union Nationale des sous-agents de Transferts d’Haïti (UNATHA) la plupart des maisons de transferts ont fermé leurs portes pour protester contre l’application de la circulaire 114-2 de la BRH selon laquelle tous les transferts doivent être payés en gourde.

Les sous-agents de transfert se déclarent victimes d’un complot des banques commerciales contrôlées par la BRH qui affichent des taux de référence ne reflétant pas la réalité économique pour faire croire aux clients que ce sont les bureaux de transfert qui volent leur argent.

‘’C’est un complot qui vise, selon eux à priver les masses et les petites entreprises qui créent des emplois, l’accès au dollar. Cela ne peut bénéficier qu’aux banques commerciales a souligné Pierre Renel, président de l’UNATHA.’’

Haïti est le pays où les coûts des transferts d’argent en provenance de l’étranger sont les plus élevés, reconnait la Banque de la République d’Haïti.

Les haitiens expatriés paient de 6.4% jusqu’à plus de 15% du montant d’un transfert d’argent a destination de leur pays natal. Ce pourcentage varie d’un pays à un autre et d’une région à une autre, selon la BRH qui se sert d’une étude de la Banque Mondiale.