« Un an après le déclenchement de la guerre des gangs, Martissant devient une boucherie humaine : L’Etat n’y intervient pas pour rétablir l’ordre », selon le CARDH

Sous-Commissariat de police de Martissant, (Ouest)

PORT-AU-PRINCE, mercredi 1e juin 2022– La guerre des gangs armés dure depuis un an à Martissant, banlieue sud de la capitale haïtienne qui donne accès à quatre départements du grand Sud (Sud-Est, Sud, Nippes et Grand-Anse) et une bonne partie de l’Ouest.

Selon le centre d’analyse et de recherche en droit de l’Homme (CARDH), ‘‘un an après, Martissant, territoire contrôlé exclusivement par les gangs, demeure une boucherie à ciel ouvert.’’

Ce conflit inter-gang auquel assistent en spectateur les autorités en place, a déjà causee la mort par balle de plusieurs dizaines de personnes et de blessées.

L’organisation des droits humains souligne que, dans les premiers jours, cette situation a provoqué 10.000 déplacés et un besoin d’assistance humanitaire pour 60 000 personnes. A cela s’ajoutent les hôpitaux desservant quasiment la 3ème   circonscription, dont Médecins Sans Frontières et Saint Germain, qui ont dû fermer leurs portes, de même que les écoles publiques et privées. ‘‘Certaines servent de bases aux bandits’’, indique le CARDH.

Le CARDH affirme dans un communiqué avoir recensé au moins trente (30) morts pour la seule journée du 2 juin 2021, soit un jour après le déclenchement des hostilités ‘‘entre l’alliance Gran Ravin-5 secondes (village de Dieu) a attaqué le gang de Tibwa, membre de G9, pour reprendre les territoires conquis par ce dernier ; de Martissant 1 à Martisant 25, en passant par Martissant 2A à Martissant 6.  Pont Bréyard, donnant accès directement à Gran Ravin, étant la jonction entre Martisant 1, Martissant 7 et la rue Manigat, perpendiculaire à Martissant et donnant accès à Fontamara.’’

Selon le communiqué du CARDH, lors d’une attaque avec le support de son allié G9, les hommes de TI Bwa ont surpris ceux de Gran Ravin par la route Saint Jude le 17 juin dans la soirée, faisant une cinquantaine de décès dont une vingtaine de civils.

Des enfants ont été déscolarisés et des filles victimes d’abus sexuel et des chauffeurs de transport en commun contraints de payer aux gangs un frais mensuel de 5.000 gourdes et 2500 gourdes par semaine, souligne l’organisation, notant que l’Etat dont la mission est de rétablir l’ordre public et de respecter, protéger et mettre en œuvre les droits humains, n’y intervient pas malgré la cruauté des actes des bandits.

Le CARDH estime que les obligations de la coopération internationale ne sont pas tenues, se référant au préambule, aux buts et aux articles 55 et 56 de la Charte des Nations unies qui font du respect des droits humains l’une de leurs missions sacro-saintes, d’autant que les mandats des missions onusiennes qui se sont succédé en Haïti de 2004 à aujourd’hui (MINUSTAH -MINUJUSTH -BINUH ) reposent sur l’État de droit, les droits  humains et la stabilité institutionnelle.

Pour le CARDH, le droit à la vie et à la sureté des citoyens ne peut pas se limiter aux discours, aux promesses…Le gouvernement a l’obligation de prendre des dispositions pour les garantir conformément à la Constitution et à ses obligations découlant des traités internationaux de protection des droits humains auxquels il est partie. La coopération internationale doit concrétiser ses promesses à l’aune des résultats concrets.

La police, dont les efforts sont visibles, selon le CARDH, a besoin de moyens concrets et du support de la population et des forces socio-politiques organisées pour établir la sécurité dans le pays, besoin prioritaire de la population et condition première pour créer le climat favorable à l’organisation d’élections qui permettront aux citoyens de choisir leurs représentants, conformément aux prescrits de l’article 58 de la Constitution et aux principes démocratiques.