Haïti/police: Un policier haïtien gagne dix (10) fois moins que ses collègues de la Caraïbe

Graduation de la 30eme promotion de la PNH à l' academie de police

Port-au-Prince, 07 Juin 2020, (RHINEWS)- Haïti est de loin le pays de la Caraïbe où le salaire des policiers est le plus bas. Le salaire moyen brut d’un policier haïtien (agent I) est de vingt-cinq (25.000) gourdes, soit moins de $250.00 us. Le salaire net est de dix-neuf mille (19.000) gourdes par mois, soit environ 190.00 dollars américains ($1 us = 113.00 gourdes).

Globalement, l’agent de l’ordre haïtien gagne deux-cent vingt-huit mille (228.000) gourdes par an, moins de 2400 dollars américains. Il reçoit aussi un montant de cinq mille (5000) gourdes moins de ($50.00 us) chaque mois sur une carte de débit.

Le policier a une couverture d’assurance médicale, mais le système ne fonctionne pas de manière efficiente.

Un policier qui a requis l’anonymat a confié au RHI que, “quand un policier est tombé malade, même muni de sa carte d’assurance, il doit payer avant d’être admis dans un centre hospitalier privé. La compagnie d’assurance lui rembourse l’argent dépensé pour ses soins de santé après, s’est-il plaint, arguant que les policiers risquent leur vie pour rien.”

La situation des policiers du reste de la région de la Caraïbe est bien meilleure pa rapport à leurs collègues haïtiens.

Par exemple, aux Bahamas, ancienne colonie britannique indépendante depuis 1973, le policier gagne en moyenne jusqu’à 20.000 dollars par an, soit près de dix fois le salaire de son homologue haïtien. Le dollar bahamean est en parité fixe avec le dollar américain ($1 us = $1 B). Autrement dit, le salaire mensuel d’un policier bahaméen est l’équivalent du salaire annuel du policier haïtien.

Le salaire moyen du policier bahaméen varie aussi en fonction du niveau d’étude de celui-ci. S’il a bouclé deux années d’études prè-universitaires, le policier peut gagner jusqu’à 24.000 dollars par an, plus des avantages sociaux incluant son assurance santé, vacances, congé maladie payé etc.

A Antigua &  Barbuda, un policier gagne en moyenne 6150 XCD (monnaie antiguaise) par mois, soit $2.275 us. Ce salaire inclut logement, transport et autres bénéfices. Il est basé aussi sur l’expérience, le niveau de connaissance, le genre et le lieu d’affectation du policier.

Au Bélize, le salaire moyen du policier est de 4190 BZD (monnaie bélizienne), soit $2.078 us par mois. En plus des avantages sociaux dont il bénéficie, le policier bélizien  n’a aucune restriction à s’organiser en association, l’équivalent du syndicat, pour défendre ses intérêts. Le principe est le même pour la plupart des polices des États de la Caraïbe.

En 1995, le salaire moyen du policier haïtien était de quatre-mille-cents (4100.00) gourdes, soit $241.00us ($1 us= 17 gourdes).

En terme de chiffre, le policier haïtien perçoit un salaire plus élevé aujourd’hui que lorsque l’institution policière était fraîchement créée, il y a bientôt 25 ans.

Cependant, avec les 4100 gourdes quoiqu’insuffisant comme salaire, le policier pouvait quand même se procurer d’un certain nombre de biens et de services à l’époque.

“De nos jours, ce salaire multiplié par 5 ne permet pas au policier de subvenir à ses besoins de base, selon ce qu’a confié au RHI, un policier syndiqué qui a souhaité garder l’anonymat.”

Contrairement à l’agent de police, les cadres supérieurs de la PNH, jouissent de certains privilèges qui leur permettent d’avoir une vie relativement acceptable. Par exemple, le commandant en chef de la police nationale perçoit un salaire de quatre-vingt-dix-sept (97.000.00) gourdes par mois, près de  $1000.00 us. En plus de ce salaire, il est pratiquement pris en charge par l’Etat, grâce au contribuable haïtien, qui lui fournit les moyens nécessaires à son logement (en moyenne $3.000 us par mois), sa nourriture, son transport, et d’autres avantages.

Les policiers haïtiens qui se regroupent depuis quelque temps en syndicat (SPNH-17) sont déjà descendus dans les rues à plusieurs reprises pour exiger de meilleures conditions de travail et de vie.

Cependant, plusieurs mois après la constitution du SPNH-17, le chemin à parcourir  pour obtenir satisfaction aux revendications des policiers, semble être encore long.

Mise à jour 07 Juin 2020