Haïti en proie à une crise sécuritaire : Des professionnels de divers domains contraints à l’exil…

Wilson Joseph Lanmo San Jou'', chef de gang 400 Mawozo, Vitelhomme Innocent, chef de Kraze Barye, Johnson Andre ''Izo, chef de gang 5 Seconde de Village de Dieu et Jimmy Cherizier ''Barbecue'', chef de la federation des gangs du G-9 an Fanmi e Alye''....

PORT-AU-PRINCE, Haïti, mercredi 29 novembre 2023 – Une vague de violences sans précédent secoue Port-au-Prince, plongeant la capitale haïtienne dans une tragédie touchant toutes les strates de la société. Des entrepreneurs, médecins, ingénieurs, avocats, agronomes et économistes sont forcés à l’exil, victimes d’actes de vandalisme perpétrés par des groupes armés ou soumis au squat par des criminels, dont des membres de la justice, de la police et des criminels notoires. Ces professionnels, désormais considérés comme des Personnes Déplacées Internes (PDI), font face à une réalité effroyable.

Des quartiers autrefois paisibles, tels que la plaine du Cul de Sac, Croix des Bouquets, Pernier, Tabarre, Belair, Martissant et Carrefour Feuilles, sont devenus le théâtre de descentes violentes de bandits, terrorisant les résidents et incendiant des habitations.

À Pétion-Ville, dans le quartier de Doco, un avocat et un ingénieur ont préféré taire leur identité après avoir été contraints de quitter leur domicile sous la menace d’hommes armés, vraisemblablement affiliés à des groupes de Vithelome.

À Pernier, des sociologues, ingénieurs et banquiers de renom ont également fui leurs résidences à la suite d’attaques de bandits. Même à Vivy Mitchell, des citoyens paisibles ont été confrontés à la pression de malfaiteurs tentant de s’approprier leurs biens.

La violence et le vandalisme s’étendent jusqu’à des quartiers comme Delmas, où des individus armés ciblent principalement les propriétés des Haïtiens résidant à l’étranger, semant le chaos dans le domaine de la propriété privée et du logement.

Les victimes se retrouvent impuissantes face à leurs demeures vandalisées, pillées et volées. Un témoignage poignant résume l’horreur : “Notre maison à Delmas 41 a été attaquée par des bandits armés, qui l’ont entièrement pillée. Ils nous ont chassés, puis quelques mois plus tard, avec la complicité d’éléments de la justice, ils ont pris possession de la maison.”

Selon un récent rapport de la DGPC publié en octobre dernier, 35 159 personnes sont déplacées, représentant 7 032 familles réparties sur 49 sites. La majorité, soit 31 400 personnes, provient des communes de Carrefour Feuilles, Savane Pistache et de leurs environs, tandis que 3 759 sont issues de la commune de Tabarre.

Dans ce contexte alarmant, de nombreux professionnels ont choisi de quitter le pays pour rejoindre le programme pour les migrants mis en place par l’administration Biden, accentuant ainsi l’appauvrissement d’un pays déjà fragilisé.

Face à cette crise des personnes déplacées, des citoyens alarmés lancent un appel pressant aux autorités, demandant instamment à l’État de prendre des mesures concrètes pour stopper ces bandits, offrant ainsi aux professionnels la chance de retrouver sécurité et stabilité dans leur vie quotidienne.

La situation exige une action immédiate pour protéger la population et restaurer un climat de sécurité indispensable au développement du pays.

L’insécurité a déjà provoqué une fuite massive des cerveaux haitiens vers d’autres pays qui regorgent déjà de cette ressource indispensable au développement d’Haïti.

Cette situation a des répercussions profondes et multiples sur le pays. Parmi les impacts les plus significatifs, il y a entre autres la perte de Compétences et d’Expertise : Affaiblissement des secteurs clés de l’économie et entrave au développement à long terme.

Appauvrissement Intellectuel : Prive le pays de son capital intellectuel crucial pour l’innovation, la recherche et le progrès.

Impact sur les Services Essentiels : Risque de pénurie de personnel qualifié, notamment dans le domaine médical, affectant la qualité des soins de santé.

Déséquilibre Démographique : Concentration de professionnels qualifiés à l’étranger, créant des défis sociaux et économiques, dont le vieillissement de la population.

Réduction des opportunités économiques : Découragement des investissements étrangers et diminution des opportunités économiques locales.

Dépendance aux Rémittences : Création d’une dépendance économique aux envois de fonds plutôt qu’à la croissance interne.

Cercle Vicieux : Renforcement des problèmes économiques et sociaux par le départ continu des professionnels talentueux.

Pour atténuer ces impacts, des mesures immédiates sont nécessaires, notamment la mise en place de politiques visant à retenir les talents, à améliorer les conditions économiques et à offrir des incitatifs pour encourager le retour des professionnels expatriés.

En 2007, une étude de la Banque Mondiale avait révélé que plus de 80% des cadres formés haitiens vivaient à l’étranger.

Après le séisme du 12 janvier 2010 qui a fait entre 250,000 a 300,000 morts, une vague d’haitiens se sont réfugiés à l’étranger.

Et cela continue à un rythme effréné…