Exécution de policiers à Liancourt : ‘‘Les responsabilités doivent être fixées et les sanctions administratives et judiciaires s’avèrent nécessaires’’-CARDH…

Frantz Elbe, Directeur General a.i de la Police Nationale d'Haiti lors d'un point de presse...

PORT-AU-PRINCE, lundi 6 février 2023-  Réagissant aux évènements sanglants de Liancourt (Artibonite) où au moins six (6) policiers ont été assassinés par des bandits a l’issue d’opération policière le 25 janvier dernier, le centre d’analyse et de recherches en droit de l’homme (CARDH) estime que le directeur général intérimaire de la PNH, Frantz Elbé doit fixer les responsabilités, en ce qui a trait a un rapport du service de renseignement de la direction départementale de l’Artibonite (DDA) de la PNH.

Ce rapport, pour le moins accablant pour le haut commandement de la PNH, confirme, selon le CARDH, ‘‘la lutte dans la hiérarchie de la police dont les policiers et leur famille ainsi que la population constituent les cobayes et en paient le prix.

L’organisation estime qu’ « il est de la responsabilité Frantz Elbé de prendre les dispositions pour que la lumière soit faite sur le carnage produit le 25 janvier 2023 à Liancourt et définir les responsabilités administratives, judiciaires et autres afin de contenir ce problème dans la hiérarchie de l’institution, sinon les victimes seront bientôt jetées aux oubliettes à l’instar de celles de Village-de-Dieu et d’autres, un autre drame surviendra, la police s’effondrera », prévient-elle.

Selon le CARDH, ‘‘le rapport du service départemental de renseignements est acheminé au directeur général pour appréciation et suites nécessaires, disposant de : I) la Direction des renseignements généraux (DRG) pouvant aller au-delà de l’intelligence ; II) la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), bras de répression judiciaire III) la Direction centrale de la police administrative (DCPA), responsable de toutes les unités spécialisées ; Direction centrale de l’administration (DCA), bras logistique.’’

« Si des mesures disciplinaires, administratives et judiciaires ne sont pas prises afin d’établir la vérité sur ce énième drame, le CARDH considèrera le rapport du service de renseignements départemental de l’Artibonite comme une vérité », avertit le CARDH, ajoutant que le rapport sollicité par le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) doit être    suivi d’effets

Le rapport approfondi sollicité par le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), dont le ministre de la Justice et le premier vice-président, doit être suivi d’effets en termes de décisions disciplinaires, administratives, judiciaires et autres déclare l’organisation, soulignant que la police nationale relève de l’autorité du ministère de la Justice.

Le CARDH rappelle que le CSPN est l’organe qui définit la politique et les stratégies nationales de la police, ajoutant que les institutions de la société civile doivent se mettre au côté de la police pour parvenir à une vraie institution de sécurité

L’organisation fait remarquer que la police nationale est la seule force de sécurité opérationnelle dont dispose le pays. Les organisations et personnalités de la société civile doivent s’investir pour que la lumière soit faite sur le drame, mais surtout pour avoir une vraie force de police avec les moyens nécessaires’’, suggère-t-elle.

Elle estime que, tout en contribuant à rétablir l’ordre, les policiers doivent s’allier à d’autres groupes de la société pour obtenir justice pour leur frère et avoir de bonnes conditions de travail.

Le CARDH croit que les partenaires internationaux doivent exiger que les autorités policières et judiciaires rendent compte de ce qui s’est passé à Liancourt et prennent des sanctions disciplinaires, administratives et judiciaires contre les coupables. En outre, ils doivent aussi respecter leurs engagements vis-à-vis de l’institution.

Le 25 janvier 2023, des policiers s’apprêtant à donner du renfort à ceux qui affrontaient le gang ‘‘Gran Grif’’ de Savien et leurs alliés qui tentaient à trois reprises de prendre le sous-commissariat de Liancourt (département de l’Artibonite) ont été assassinés. Les renforts sollicités n’ont pas été obtenus.

Deux policiers ont été tués sur place, quatre autres blessés plutôt dans la journée ont été sortis de la clinique où ils avaient trouvé refuge, et exécutés. Les victimes sont :  Kether Louis, Mackès Badin, Donalson Innocent, Norabert Aarelus, James Junior Felix et Camille Pierre.

Les corps des victimes ont été emportés par les bandits. En dépit des promesses du directeur général intérimaire de la PNH, Frantz Elbé, les corps n’ont toujours pas été récupérés et les parents attendent pour faire le deuil des disparus.

Cette situation rappelle étrangement ce qui s’est passé le 12 mars 2021 lorsque six policiers ont été tués lors d’une opération ratée, par les bandits du gang ‘‘Cinq secondes’’ de Village de Dieu. Leurs corps ont été charcutés.

Le commandant en chef a.i de la PNH d’alors, Léon Charles, avait promis de récupérer les corps des policiers, mais avait priorisé la restitution, au prix fort, d’un véhicule blindé de la police volé par les bandits.