ECC appelle l’ULCC et l’UCREF à vérifier si les sociétés et comptes offshores révélés par les ‘‘Pandora Papers’’ sont mentionnés dans la déclaration de patrimoine de l’ex-premier ministre Laurent Lamothe

Laurent Lamothe, ancien premier ministre haitien

Port-au-Prince, jeudi 14 octobre 2021- Selon Ensemble contre la corruption (ECC), l’enquête des Pandora Papers révèle, entre autres, que Laurent Lamothe, alors premier ministre a continué à détenir des actions dans des sociétés offshores.

‘‘Ces révélations font état d’une situation où l’ancien premier ministre Laurent Lamothe a bénéficié d’intérêts privés multiples, opposés à l’intérêt général dont il était censé être le garant en raison des différentes fonctions d’Etat qu’il a occupées,’’ a souligné un communique de l’ECC.

De l’avis de l’organisation, les sociétés offshores, telles que celles auxquelles a eu recours l’ex-premier ministre, permettent de se livrer au blanchiment de produits de la criminalité par le circuit opaque qu’elles offrent. ‘‘Et, comme dans un cercle vicieux, l’argent blanchi revient dans l’économie pour faciliter d’autres actes de corruption et financer le banditisme organisé,’’ soutien ECC.

Pour ECC, ‘‘l’évasion fiscale proprement dite à laquelle Laurent Lamothe se   livrait, il continuait et continue encore de ne pas déclarer la provenance de fonds conséquents potentiellement issus de crimes et délits punis par la loi ; de blanchir des avoirs ; de dilapider et de s’approprier des ressources financières et matérielles de l’Etat ; de financer, potentiellement, le banditisme organisé.’’

Selon cette organisation anti-corruption, ‘’le fait par Laurent Lamothe de détenir des sociétés offshores dans l’objectif d’échapper à des charges fiscales en Haïti alors qu’il était premier ministre démontre un déficit manifeste de patriotisme et de citoyenneté de la part d’une personnalité politique de premier rang.’’

ECC estime que l’évasion fiscale dont fait état les Pandora Papers traduit une volonté expresse de soustraire à l’Etat haïtien des ressources fiscales pouvant soutenir le développement durable, réduire les inégalités sociales et financer les services sociaux de base.

L’organisation souligne dans son communiqué que ‘‘dans une note de clarification, tout en assumant l’existence des sociétés offshores révélées par les Pandora Papers, l’ex-premier ministre Laurent Lamothe nie la commission d’actes d’évasion fiscale, de fraude et de multiples actes de corruption, ce qui est loin d’être suffisant.’’

Dans ce communiqué signé par Jocelyne Colas Noël, ECC exige l’ouverture d’une enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) aux fins de vérifier la véracité, l’exactitude et la complétude de la déclaration de patrimoine de l’ex-premier ministre Laurent Lamothe, et le cas échéant de déférer l’affaire par devant les juridictions répressives pour toutes fins utiles.

ECC estime que I’ULCC doit enquêter également sur la possibilité que d’autres actes de corruption tels que l’enrichissement illicite et l’abus de biens sociaux aient été commis.

L’organisation réclame aussi l’ouverture d’une enquête par l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) en vue de déterminer si les mouvements de fonds de ces sociétés offshores n’ont pas une provenance ‘‘illicite liée à la criminalité, au trafic de la drogue et à l’enrichissement illicite.’’

Cette affaire a été révélée par l’enquête du Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) en partenariat avec 150 médias internationaux qui révèle et dresse le tableau d’un système d’évasion fiscale profitant à des personnalités politiques dans le monde dont des personnalités et hommes d’affaires haïtiens. Parmi eux, figurent Gilbert Bigio, Rudolph Boulos, des membres de la famille Jaar et Laurent Lamothe.