Des organisations politiques, sociales et personnalités haïtiennes opposées à tout déploiement de force multinationale en Haïti…

Des policiers kenyans...

PORT-AU-PRINCE, samedi 12 août 2023– Dans une correspondance à l’union africaine (UA), des organisations et personnalités haïtiennes, expriment leur stupéfaction après ‘‘qu’un pays frère comme le Kenya a accepté de diriger contre Haïti une force d’occupation américano-onusienne déguisée sous le label de « force multinationale » pour mieux tromper l’opinion publique nationale et internationale, tenter ainsi de cacher le coté machiavélique de cette initiative.’’

Selon KONBIT, ASO, UNNOH, NEHRO, MOLEGAF, PAPDA et KATAN entre autres, qui citent un rapport de ONUDC, ‘‘les Etats-Unis d’Amérique seraient impliqués dans le processus d’approvisionnement en armes et en munitions des gangs qui sèment, en toute quiétude, la terreur et la mort en Haïti.’’

Le rapport de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime publié en mars 2023 indique que les armes et minutions utilisées par les gangs proviennent en particulier des Etats-Unis d’Amérique, rappellent les signataires de la correspondance, ajoutant que ce même rapport, a confirmé une augmentation du trafic illégal d’armes en provenance majoritairement des Etats-Unis vers Haïti, à partir de l’Etat de Floride.

‘‘Etonnamment, écrivent les signataires, malgré cette situation contradictoire, le gouvernement du Kenya a, dans un communiqué du Ministère des Affaires Etrangères, annoncé qu’il serait prêt à assurer le leadership d’une force multinationale et à déployer en Haïti un contingent de 1000 policiers soi-disant destiné à aider à la formation de la police haïtienne, à rétablir la normalité en Haïti.’’

Rejetant le comportement du Kenya, les signataires estiment qu’« Aucun des pays de la terre de nos ancêtres ( l’Afrique) ne doit  servir de caisse de résonance ou de bras armés des anciennes puissances coloniales, esclavagistes, transformées en puissances impérialistes et aujourd’hui  engagées activement dans un projet criminel de déstabilisation d’Haïti, de sabotage systématique de sa souveraineté  dont l’occupation américano-onusienne constitue une étape dangereuse ».

Selon ces organisations socio-politiques et personnalités qui sont plus d’une cinquantaine,  ‘‘la démarche des dirigeants du Kenya s’inscrit dans une logique totalement opposée à ce qui est proclamé dans la charte de l’UA et qu’il y a lieu dans cette situation de l’inviter, au nom de ces principes cardinaux officiellement adoptés, à revoir en urgence cette démarche portant atteinte grave à la souveraineté d’Haïti, à son droit à l’autodétermination.’’

Elles chargent l’UA de trouver ‘‘la stratégie la plus efficace pour expliquer aux dirigeants de ce pays frère qu’un tel choix est susceptible d’encourager, de renforcer en Haïti l’ingérence déjà inacceptable des puissances impérialistes dont les Etats-Unis d’Amérique particulièrement.’’

«  Assumer pour le profit des USA le leadership de cette force d’occupation revient tout simplement à les aider à consolider  leur mainmise génocidaire sur ce pays, le nôtre  qui a réalisé la première et la seule révolte d’esclaves réussie de toute l’histoire de l’humanité et qui a du même coup  changé l’ordre mondial, colonial, raciste et esclavagiste », déclarent-elles.

Elles affirment que ‘‘cette terrible crise multidimensionnelle que traverse Haïti est donc cyniquement fabriquée et entretenue en grande partie par les anciennes puissances coloniales esclavagistes et racistes transformées présentement en puissances impérialistes. Ces dernières sont en train d’étouffer notre pays avec le concours efficace des collabos locaux composés de dirigeants politiques marionnettes, corrompus, criminels, mafieux imposés par Washington et celui des oligarques également corrompus, criminels qui financent les gangs armés.

Selon elles, il est impératif d’agir de manière à éviter qu’aucun pays du continent africain ne joue le rôle de caisse de résonance des anciennes puissances coloniales, esclavagistes, impérialistes. Et que la solidarité agissante de l’Afrique avec Haïti soit désormais le mot d’ordre privilégié, ajoutent-elles.

Elles souhaitent que les Africains se retrouvent aux côtés du peuple haïtien et à faire preuve de solidarité concrète Haïti pour l’aider à sortir de cette impasse dangereuse, à contourner l’atterrissage imminent de ce projet guerrier et meurtrier d’occupation. Une telle solidarité permettra à Haïti non seulement d’écarter résolument le déploiement de troupes étrangères d’occupation et d’obtenir en conséquence : le recouvrement de sa souveraineté nationale pour mettre fin à l’ingérence des puissances impérialistes.

Elles plaident pour la fin du soutien indécent de la frange déstabilisatrice de l’international en particulier des USA, du Canada et de la France au gouvernement criminel PHTK d’Ariel Henry et la mise en place d’un gouvernement de transition crédible ;

Les signataires réclament l’application effective de la Résolution 2653 (2022) adoptée par le Conseil de Sécurité le 21 octobre 2022 interdisant le trafic d’armes des Etats-membres de l’ONU vers Haïti et la suspension par les Etats-Unis de l’approvisionnement en armes et en munitions des gangs ainsi que la récupération rapide des armes déjà introduites ;

Elles souhaitent également la mise sur pied d’une Commission d’enquête indépendante chargée d’évaluer les dix-huit années d’accompagnement de l’ONU afin de mettre à jour ses responsabilités dans la situation chaotique actuelle ;

Elles réclament l’octroi, au nom d’Haïti, de la part de l’ONU d’une autre décennie des Afro-descendants 2024-2033. A noter qu’Haïti, la première à briser les chaines de l’esclavage a été reléguée au dernier rang dans le cadre de la célébration de cette Décennie Internationale des personnes d’ascendance africaine alors que l’ONU aurait dû lui accorder une place d’honneur.

 

LISTE DES ORGANISATIONS ET PERSONNALITES SIGNATAIRES DE LA CORRESPONDANCE