Des haïtiens persécutés par des ultra-nationalistes dominicains à Juan Bosh-Ville appellent à la solidarité internationale pour le respect de leurs droits…

Méthélus Estimé, avocat migratoire et professeur vivant en Republique Dominicaine...

En collaboration avec notre envoyé spécial à Saint-Domingue, EPV,

JUAN BOSH=VILLE, jeudi 26 mai 2022– La communauté haïtienne de Juan Bosh-Ville est estimée à environ trois-cents (300) haïtiens.

Ce sont, pour la plupart, des éléments issus de la classe moyenne haïtienne relativement aisée, des cadres et professionnels haïtiens qui composent cette communauté.

Ils se sont établis au cours de ces trois (3) dernières années dans cette petite ville encore en construction qui rend hommage à l’ancien président dominicain Juan Bosh.

Des dominicains originaires d’Haïti ayant accédé à la classe moyenne vivent également dans cette ville.

Les résidents haïtiens de Juan Bosh-Ville, ce se sont majoritairement expatriés ces dernières années en raison de l’instabilité politique et la détérioration du climat sécuritaire en Haïti.

Interrogé par RHINEWS, l’un entre eux, Méthélus Estimé, avocat migratoire et professeur de langues en République Dominicaine, affirme que tous les ressortissants haïtiens résidant dans cette ville, vivent en situation tout à fait régulière.

“Certains sont détenteurs de résidence dominicaine, d’autres ont un visa dominicain avec un permis de séjour valide”, souligne Me. Estimé qui est également le porte-parole de l’association des Haïtiens résidents à la ciudad Juan Bosh.

Selon lui, les résidents de Juan Bosh-Ville ne sont pas des travailleurs migrants sans-papiers, soulignant que les persécutions visent les haïtiens ou toute personne à la couleur noire.

Ces persécutions, dit-il, sont l’œuvre d’ultra-nationalistes haitiannophobes qui bénéficient du soutien des autorités dominicaines.

Estimé pense que certains dominicains incapables de louer ou d’acheter un appartement à La ciudad Juan Bosh seraient jaloux du sort et du train de vie des haïtiens vivant dans cette petite ville.

Il indique que trois ans de cela, un appartement se louait autour de six mille (6000) pesos.

En raison de l’arrivée massive d’haïtiens dans la petite ville dont la construction est financée à travers des banques commerciales pour faciliter l’accès à un logement décent, les prix ont grimpé, passant 6 à 15 en moyenne jusqu’à 20 mille pesos par mois.

Depuis que les persécutions se sont intensifiées contre les ressortissants haïtiens, précise Estimé, les haïtiens se sont retranchés chez eux, la peur au ventre n’osant pas s’aventurer dans les rues pour éviter d’être arrêtés, humiliés puis expulsés vers leur pays d’origine.

Dans certains cas, même les enfants scolarisés en République Dominicaine ont dû rester chez eux, souligne l’avocat qui dénonce les violations massives des droits des haïtiens. Il précise que des dominicains viennent frapper tous les jours aux portes des haïtiens afin de les intimider.

Selon Méthélus Estimé, les représentants d’Haïti à Saint-Domingue sont informés de la situation, mais se sont abstenus de porter assistance aux haïtiens victimes. Il dénonce également le silence du gouvernement haïtien sur cette situation où des ressortissants haïtiens sont difficultés et ne font l’objet d’aucune attention.

« Nous n’avons aucun recours légal face à ce qui semble à une conspiration. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de solliciter la solidarité internationale en vue de protéger nos droits », déclare Estimé.

Compte tenu du racisme et de l’anti-haitianisme affiché par les ultra-nationalistes dominicains qui se radicalisent davantage, nous craignons que la situation ne débouche sur des attaques systématiques contre les haïtiens.

Depuis des heurts éclatés mercredi 18 mai entre travailleurs migrants haïtiens et force de l’ordre dominicaines lors d’une manifestation, une campagne de répression est lancée à l’encontre des haïtiens, dénoncent les défenseurs des droits humains.

Au lendemain des incidents où des agents de la migration dominicaine ont essuyé des jets de pierres, des unités d’élite de la police, de l’Armée et des agents de la direction de l’immigration dominicaine ont procédé à l’arrestation de 385 migrants dont des dominicains d’origine haïtienne et des haïtiens vivant en situation régulière en République Dominicaine.

Deux-cent soixante-dix (270) d’entre eux ont été déportés en Haïti, selon les autorités dominicaines.

Dimanche dernier, des racistes dominicains ont manifesté contre la présence d’haïtiens à Juan Bosh-Ville où de nombreux ressortissants haïtiens sont, soit propriétaires de leurs propres résidences ou locataires.