CARDH : ”Les sanctions expriment un message clair et ferme de l’international envoyé aux chefs de gangs et à ceux qui les financent et les appuient”…

Joseph Michel Martelly, Ancien president d'Haiti....

PORT-AU-PRINCE, mardi 22 novembre 2022– Réagissant aux sanctions internationales imposées à certaines personnalités haïtiennes, le centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH) estime que les États-Unis doivent intensifier leurs efforts dans la lutte contre la criminalité en Haïti et contribuer à des résultats probants et quantifiables.

Selon le CARDH, les régimes de sanctions doivent aller au-delà de la crise humanitaire pour s’inscrire dans la dynamique de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance.

L’organisation déclare que la crise humanitaire en Haïti servant de leitmotiv à l’adoption des régimes de sanctions est la résultante de la prise en otage du pays par les gangs mais surtout une mainmise de la criminalité sur la gouvernance politique et économique du pays.

‘‘Ils doivent s’inscrire dans le renforcement de l’État de droit et de la démocratie’’, écrit le CARDH.

Il estime qu’au-delà de leur portée morale et politique, les régimes de sanctions doivent viser, entre autres la réforme du système politique du pays, la réorganisation du système électoral et l’assainissement des finances publiques ; la lutte contre la corruption particulièrement le retracement du fonds Pétro Caribe.

Selon le CARD, les sanctions devraient prendre en compte le renforcement et la standardisation du système judiciaire haïtien afin qu’ils tiennent compte des principes de l’État de droits consacrés par les principaux instruments internationaux et régionaux de protection de droits humains : Pacte international relatif aux droits civils et politiques ; Convention inter américaine des droits et devoir de l’homme ; Convention européenne de sauvegarde des droits et des libertés fondamentales entre autres.

Le CARDH souligne que la justice et la politique américaines et canadiennes ne doivent pas remplacer la justice haïtienne, elles doivent s’inscrire dans une logique de complémentarité et se conformer au droit international.

« Les régimes de sanctions ne doivent pas suivent une logique deux poids deux mesures, d’autant que les chefs de gangs ne sont pas les vrais « maîtres » de la criminalité en Haïti », déclare le CARDH ajoutant que ces derniers ne sont que des instruments.

‘‘Les maîtres sont dans la sphère privée (détenant, pour la plupart, de nationalité américaine, canadienne, française…), dans la politique, dans la criminalité transnationale régionale’’, soutient le CARDH.

Au moins huit personnes ont été sanctionnées par le Canada. Joseph Lambert et Youri Latortue, ont été sanctionnés conjointement par le Canada et les États-Unis début novembre.

Samedi, le Canada a également annoncé des sanctions contre trois autres législateurs actuels et anciens : Hervé Fourcand, Gary Bodeau et Rony Célestin.

Dimanche, le Canada a annoncé des sanctions à l’encontre de l’ancien président Michel Martelly, et les anciens premiers ministres, Laurent Lamothe et Jean Henry Céant.

Selon les autorités canadiennes, ces mesures visent à arrêter le flux de capitaux et d’armes illicites vers Haïti, ainsi qu’à affaiblir et désactiver les gangs criminels qui opèrent en d’Haïti.

Cependant, aucune plainte formelle n’a encore été déposée à l’encontre des personnes ciblées par les sanctions internationales.

De même, les Etats-Unis et le Canada n’auraient pas communiqué les dossiers aux autorités haïtiennes pour en assurer le suivi judiciaire.