Ça va de plus en plus mal au Consulat Général d’Haïti à Miami où riment soupçons de corruption, absentéisme et service défaillant…

Vue du Consulat General d'Haiti a Miami...

MIAMI, mercredi 14 février 2024 Le consulat général d’Haïti à Miami est plongé dans une crise sans précédent, avec des soupçons de corruption, une flambée de l’absentéisme et des services défaillants, mettant en péril la confiance du public et la crédibilité de l’institution diplomatique haïtienne. Les récentes révélations mettent en lumière un système défaillant qui a laissé de nombreux demandeurs de passeport dans l’attente, parfois pendant des mois, de leurs documents de voyage.

Une baisse considérable des demandes de passeport a été observée au consulat de Miami, passant de 130 demandes par jour à seulement 10 ou 15. La principale raison évoquée est la corruption qui règne au sein de l’institution. Des demandeurs de passeport affirment avoir payé les frais de service requis, mais n’ont jamais reçu leur document. Selon des sources proches du consulat, un jeune employé, fils d’un ancien parlementaire influent, aurait détourné les fonds, laissant les demandeurs sans passeport malgré les paiements effectués.

Les parents du jeune employé auraient dû débourser de l’argent pour rembourser les fonds détournés aux demandeurs de passeports lésés, une situation inconcevable mais réelle. Les plaintes affluent quotidiennement au consulat alors que les demandeurs se rendent compte que leurs passeports n’ont jamais été délivrés, malgré la possession de reçus de paiement.

Ginette Duplessis, 39 ans, en attente d’un renouvellement de passeport depuis avril 2023, témoigne de son expérience frustrante. Malgré avoir payé les frais requis, elle n’a toujours pas reçu son passeport et se voit offrir peu d’informations satisfaisantes lorsqu’elle contacte le consulat. Cette situation l’a poussée à envisager l’obtention de la citoyenneté américaine.

Supplémentaireson et à l’inefficacité du consulat, certains demandeurs de passeport se tournent vers l’Ambassade d’Haïti à Washington, espérant y trouver un service plus fiable, malgré les coûts supplémentaires et les pertes de temps considérables que cela implique. En effet, cette alternative implique des frais de transport avoisinant les 600 dollars (en bus), des frais d’hébergement supplémentaires de 200 dollars en moyenne, sans compter les frais de service pour l’obtention du passeport. De plus, les demandeurs doivent sacrifier au moins trois jours de travail pour cette démarche.

L’absentéisme des employés, en partie dû à des retards de paiement de salaires, contribue également au dysfonctionnement du consulat. Certains employés, accusant jusqu’à deux ans d’arriérés de salaire, sont rarement présents, tandis que d’autres cherchent des emplois supplémentaires pour subvenir à leurs besoins financiers. Malgré un paiement partiel de leurs salaires, ils estiment que cela ne suffit pas, en attendant un nouveau versement de plus de 50 mille dollars qui tarde à venir.

Ce n’est pas la première fois que les missions consulaires d’Haïti sont entachées de scandales de corruption. En mai 2023, l’ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, a été rappelé à Port-au-Prince et remplacé après des allégations de trafic illicite de passeports. Des enquêtes ont révélé des pratiques présumées de corruption et de détournement de fonds, impliquant notamment la mise en place d’un service parallèle de fabrication et de livraison de passeports dans plusieurs consulats d’Haïti à l’étranger.

Bocchit Edmond et sa sœur Bétina Edmond, également diplomate, sont accusés d’implication présumée dans le trafic illicite de passeport haïtien.

Selon les informations, les deux diplomates auraient mis en place un service parallèle de fabrication et de livraison de passeport dans plusieurs consulats d’Haïti à l’étranger, au prix de cinq-cents (500), soit plus de deux fois les frais de passeport exigés par l’Etat haïtien. Bocchit Edmond a toujours nié ses accusations, arguant qu’il s’agissait de machination politique visant à salir son image.

Il a indiqué que, ‘‘à la base de cette cabale est le fait indéniable que les douanes américaines, en juin 2021, avaient saisi des paquets contenant $50.000 en provenance du Chili et adressés par courrier à la résidence personnelle de Gélorme Juste, cousin de l’ex-ministre des Affaires Etrangères d’alors, Claude Joseph, qui l’avait nommé responsable de la section consulaire de l’ambassade. Il est de notoriété publique que je n’avais aucun contrôle sur Gélorme Juste, lequel traitait directement avec son cousin ministre.”

En février 2022, un rapport d’enquête de l’ex-sénateur Youri Latortue a également révélé des pertes financières importantes pour l’État haïtien, notamment plus de sept milliards de gourdes, soit plus de soixante-sept millions de dollars américains, au niveau de sa diplomatie. Ces fonds, provenant des frais de passeport, auraient été détournés sans explication satisfaisante.

Face à ces révélations accablantes, la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) a été saisie du dossier du scandale de corruption impliquant les missions diplomatiques haïtiennes à l’étranger, mettant l’emphase sur la nécessité d’une enquête approfondie et de mesures correctives urgentes pour restaurer l’intégrité et l’efficacité des services consulaires d’Haïti.

La section-passeport des consulats, dépendant directement du ministère de l’intérieur dirigé par Dr. Ariel Henry également premier ministre de facto depuis bientôt trois ans.