‘‘Ariel Henry doit démissionner ou être évincé pour permettre à Haïti de progresser’’,- Daniel Foote..

Daniel Foote, ex-Envoye Special des Etats-Unis en Haiti...

MIAMI, dimanche 4 février 2024 Dans une interview à RHINEWS, l’ancien envoyé spécial américain en Haïti, Daniel Foote, a exprimé son inquiétude profonde quant à la de retiration de la  situation en Haïti et critiqué sévèrement le soutien continu des États-Unis au Premier Ministre Ariel Henry.

Daniel Foote a souligné que le Dr. Ariel Henry est de facto Premier Ministre depuis deux ans et demi sans avoir organisé d’élections pour transférer le pouvoir à des autorités haïtiennes légitimes. Il a critiqué le soutien continu des États-Unis, suggérant que cela est motivé par le désir d’avoir un leader haïtien complaisant pour permettre au Président Biden de continuer les expulsions de Haïtiens vers l’île, à des fins politiques nationales.

Selon l’Ambassadeur Foote qui qualifie d’injuste le soutien de Washington au régime de Port-au-Prince, le bilan d’Ariel Henry est nul, et il est impopulaire.

Il a affirmé ‘‘qu’Henry est totalement illégitime, détesté par la majorité de la population en raison de ses mensonges à répétition et de son inutilité, et n’a accompli absolument rien pour améliorer la situation sécuritaire du pays. Il continue de tromper sur sa prétendue quête de consensus inexistante, maintenant tout le pays en otage face aux gangs. Il a démontré son incompétence et doit démissionner ou être évincé pour permettre à Haïti de progresser,’’ a déclaré Foote.

L’ancien ambassadeur a souligné que le soutien de l’administration Biden à Henry provoque la frustration parmi les communautés haïtiennes aux États-Unis, mettant en jeu des votes pour la réélection du président en novembre. Il a averti que la crise en Haïti pourrait avoir des conséquences électorales pour le président Biden.

Il a déploré l’attitude du président américain qui n’aurait pas pris en compte les initiatives haïtiennes pour résoudre la crise.

Il a aliéné toute la diaspora haïtienne en les ignorant complètement, comme si son personnel administratif américain savait mieux comment améliorer la situation que les Haïtiens. Évidemment, ce n’est pas le cas. Biden a été informé, par moi-même et de nombreuses autres personnes, exactement de ce qui se produirait s’il continuait à soutenir Henry. Pourtant, il persiste dans son approche arrogante et condescendante, basée sur la croyance incorrecte que “ces personnes noires ne peuvent pas se gouverner elles-mêmes”.

« Le président Biden mérite de perdre les votes des Haïtiens-américains pour ses actions, tout comme il perdra les votes des musulmans en soutenant aveuglément les carnages continus d’Israël à Gaza. Le seul problème est que l’alternative – Trump – serait bien pire pour les États-Unis, Haïti et le monde », a soutenu M. Foote.

Pour éviter un vote sanction contre l’administration démocrate aux prochaines élections, Daniel Foote a exhorté le Président Biden à prendre une décision forte au-delà des recommandations du Département d’État pour résoudre la crise en Haïti. Il a souligné que retirer le soutien à Ariel Henry et permettre aux Haïtiens de parvenir à un consensus politique serait la solution la plus simple et efficace.

Concernant la crise sécuritaire en Haïti, l’Ambassadeur Foote a rejeté l’idée d’une force internationale magique pour résoudre les problèmes du pays. Il a appelé à la reconstruction complète de la police haïtienne et d’autres forces de sécurité, avec une intervention urgente menée par les États-Unis, le Canada, la France, et d’autres pays compétents.

Interrogé sur ce que les Etats-Unis devraient faire concrètement pour éviter que la situation en Haïti continue d’empirer, le diplomate a déclaré : « À mon humble avis, le Président Biden doit démontrer qu’il peut revitaliser le leadership américain, en Haïti et ailleurs, avant que nous ne basculions dans une Troisième Guerre mondiale. Contrairement aux décisions en Ukraine et au Moyen-Orient, la situation en Haïti est la plus simple de toutes ; il suffit de retirer le soutien à Henry et d’autoriser les citoyens haïtiens à parvenir à un consensus politique, sans nécessairement suivre l’accord de Montana, qui devrait être mis à jour et rendu plus inclusif. Un tel accord national, qui était à portée de main il y a 2 ans et pourrait, selon moi, être rapidement atteint sans l’interférence de Henry, établirait une base stable pour la création d’un gouvernement provisoire légitime et fonctionnel. La composition de tout gouvernement provisoire, ainsi qu’une feuille de route vers l’amélioration des conditions de vie des haitiens et les élections, seraient des éléments clés. »

Daniel Foote a également adressé un appel direct à Ariel Henry en déclarant : « Dr. Henry, renoncez à votre rôle illégitime de Premier Ministre par intérim. Vous avez échoué le peuple haïtien, et tout nouvel épisode de souffrance vous sera imputable si vous résistez. »

Quant au Président Biden, Foote a dit : « tout d’abord, il n’était pas particulièrement sage d’envoyer l’ancien leader de coup d’État, Guy Philippe, en Haïti en ce moment délicat, car cela a considérablement attisé les émotions. Je vous prie de faire ce qui est juste, enfin, pour la sécurité nationale des États-Unis et pour Haïti, en retirant le soutien néfaste des États-Unis à Ariel Henry. Si vous ne le faites pas, les Kényans seront engagés dans une mission suicidaire (s’ils viennent un jour), et vous devrez faire face à une guerre civile d’une violence inimaginable », a-t-il ajouté.

Le 22 septembre 2021, Daniel Foote a démissionné de son poste d’Envoyé spécial en Haïti auprès du secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Dans sa lettre de démission, Foote a exprimé sa profonde déception et s’est excusé envers ceux qui espéraient des changements significatifs. La principale raison de sa démission était la désapprobation de la décision des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés haïtiens vers leur pays d’origine, malgré la situation précaire en Haïti marquée par la présence de gangs armés et une gouvernance instable.

Foote a critiqué la politique américaine envers Haïti, la qualifiant d’imparfaite, et a déploré que ses recommandations aient été ignorées, rejetées, ou modifiées pour refléter un récit différent. Il a souligné que le peuple haïtien était confronté à la pauvreté, à la terreur des gangs armés, aux enlèvements, aux vols et aux massacres, ainsi qu’à une alliance gouvernementale corrompue. Il a averti que le renvoi de plus de réfugiés en Haïti aggraverait la crise humanitaire déjà existante.

Daniel Foote a également dénoncé la présence du Premier ministre de facto, le Dr. Ariel Henry, imposé par la communauté internationale. Il a plaidé en faveur d’une assistance immédiate pour restaurer un gouvernement stable en neutralisant les gangs armés et en rétablissant l’ordre par le biais de la police nationale d’Haïti. Foote a insisté sur la nécessité d’un accord inclusif impliquant la société civile, les acteurs politiques et le soutien de la communauté internationale pour créer des conditions propices à des élections permettant aux Haïtiens de choisir leurs dirigeants.

 

Le diplomate a critiqué le soutien du Core Group au Premier ministre Ariel Henry et à son accord, soulignant que les interventions politiques internationales en Haïti ont souvent eu des conséquences catastrophiques. Il a souligné le désir des Haïtiens de tracer leur propre voie sans l’influence de marionnettes internationales, appelant à un réel soutien pour leur permettre de prendre des décisions autonomes.

Daniel Foote a également souligné son désappointement quant au manque de collaboration de l’ambassade américaine en Haïti, dirigée par Michele J. Sison, suggérant des interférences dans son travail. Les efforts de Foote auraient été compromis par un comportement partisan de l’ambassade, entravant ainsi ses chances de succès. La lettre de démission a également mentionné les difficultés rencontrées lors des rencontres avec des acteurs sociaux et politiques pour rechercher un accord politique en vue d’une transition démocratique après l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse.