PORT-AU-PRINCE, 18 mai 2025 – RHINEWS-Alors que la nation haïtienne célèbre ce 18 mai le 222e anniversaire de la création de son drapeau, symbole d’émancipation et de dignité, le professeur et avocat Sonet Saint-Louis a diffusé un communiqué d’une gravité saisissante, dans lequel il tire la sonnette d’alarme sur l’effondrement politique, moral et économique d’Haïti. Dans ce texte intitulé « Sauvons Haïti pendant qu’il est encore temps ! », l’universitaire appelle à une révolution salvatrice pour arracher le pays à la misère et au chaos.
« Nous végétons au cœur d’une catastrophe sans précédent », écrit Me Saint-Louis, qui évoque une économie anéantie, des entreprises « écrasées sous le poids d’une violence incessante », et un Conseil présidentiel de transition « gangrené par la corruption et des actions totalitaires ». Selon lui, cette dérive est largement tolérée par les puissances étrangères qui, tout en poursuivant « leur agenda politique en Haïti », restent indifférentes à la souffrance du peuple.
L’auteur revient longuement sur les conséquences du renversement du président Jovenel Moïse en juillet 2021, qualifiant cet épisode de « coup d’État sanglant » ayant coûté la vie à plus de 7 000 Haïtiens et jeté 15 000 autres à la rue. « En quatre ans, le pays a enregistré plus de victimes que sous les trente années de la dictature des Duvalier », écrit-il, dénonçant un « bilan glaçant » attribuable à l’Exécutif de facto mis en place par « ceux qui tirent les ficelles ».
Selon Me Saint-Louis, l’insécurité généralisée qui ravage le pays « n’est-elle pas alimentée à des fins lucratives ? » Il accuse des acteurs politiques d’utiliser le chaos comme levier pour imposer une réforme constitutionnelle en dehors de toute consultation populaire, visant à « ériger un pouvoir oligarchique » tout en condamnant le peuple à « ne récolter que sang et larmes ».
Dans un passage particulièrement virulent, l’universitaire remet en question l’ensemble de la classe politique haïtienne, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition. « Leur action est la même : tout faire pour accéder au pouvoir pour s’enrichir. Tous se soumettent à un même agenda : celui de la destruction d’Haïti. »
Face à l’impasse, Me Saint-Louis propose une sortie de crise institutionnelle, qui passerait par une reprise du pouvoir par la Cour de cassation, « bien qu’elle ne soit pas sans risques et difficultés prévisibles ». Il suggère qu’un juge provisoire, secondé par « une équipe de technocrates compétents », pourrait restaurer l’autorité de l’État de manière neutre, en priorité sur la question de la sécurité publique.
« Dans un État moderne, le pouvoir appartient aux institutions, et non à des groupes d’intérêts », rappelle le professeur de droit constitutionnel. Il rejette toute tentative de maintenir ou recycler les membres actuels du Conseil présidentiel de transition, estimant qu’il s’agit d’une « politique de replâtrage clanique ».
Au-delà des institutions, Me Saint-Louis insiste sur l’urgence d’une « révolution morale, intellectuelle et politique », à laquelle devraient participer les élites économiques, les intellectuels, les communautés rurales et urbaines, mais aussi l’Église. Il regrette le silence assourdissant de cette dernière : « Où est donc l’Église à laquelle j’appartiens et je me sens lié, en ces temps de détresse inédite ? » s’interroge-t-il.
Critiquant l’attitude passive des responsables religieux, qu’il accuse de complicité tacite avec les forces du statu quo, l’avocat cite le journaliste Robenson Alphonse, évoquant « la farce de Maître Mimin » pour désigner la mascarade du CPT.
En conclusion, Sonet Saint-Louis pose une question cruciale : « Sommes-nous réellement capables d’accomplir une telle transformation, à l’heure où l’état moral de notre pays semble à ce point dégradé ? » Et de rappeler la nécessité d’une prise de conscience collective pour empêcher « que le mal continue à régner en maître ».