Réforme constitutionnelle et autorégulation : les journalistes haïtiens veulent peser dans le débat national…

PORT-AU-PRINCE, 2 juin 2025 (RHINEWS)– À l’initiative de l’organisation SOS Journalistes, plusieurs journalistes de renom et représentants d’organisations de presse se sont réunis samedi à l’hôtel Oasis pour discuter des enjeux liés à l’adoption d’une nouvelle Constitution en Haïti, et réfléchir aux mécanismes de régulation éthique du métier de journaliste. La rencontre, qui a duré près de trois heures, marque un tournant important dans la volonté de professionnalisation et d’autorégulation du secteur médiatique haïtien.

Le secrétaire général de SOS Journalistes, Joseph Guyler C. Delva, a ouvert les discussions en soulignant l’importance du moment politique que traverse le pays. « Maintenant qu’il y a un pouvoir de transition en place, il n’y a pas de parlement, c’est le moment idéal pour l’adoption d’une nouvelle constitution », a-t-il affirmé. S’il reconnaît avoir eu des différends avec le Conseil présidentiel de transition (CPT), Delva se dit prêt à revoir sa position si des gestes concrets sont faits pour garantir la liberté de la presse. « Moi, personnellement, j’ai eu beaucoup de problèmes avec certaines décisions prises par le CPT et le gouvernement, mais s’ils commencent à rectifier le tir, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse, je changerai de position par rapport à cet exécutif que j’ai eu, à plusieurs reprises, à traiter de régime dictatorial », a-t-il confié.

Autour de la table, les débats ont été nourris et parfois divergents sur l’opportunité de modifier la loi-mère du pays. Certains journalistes ont exprimé des réserves, d’autres ont plaidé pour une révision indispensable afin d’adapter la Constitution aux défis actuels de la nation. Le consensus n’a pas été atteint, mais tous s’accordent sur la nécessité de poursuivre la réflexion.

L’un des points forts de cette réunion fut la proposition de créer une Commission d’éthique au sein même du secteur médiatique, afin de veiller au respect strict des règles déontologiques et professionnelles. Des voix reconnues dans le paysage médiatique haïtien comme Wendell Théodore (Radio Métropole), Ronald Desormes (Radio Caraïbes), Romanès Samedi (Radio Mega), Patrice Mérisier (AJH/Radio Galaxie) et Roselène Germain (SOFEHJ) ont plaidé en faveur d’une telle instance.

Parmi les autres participants figuraient également Yvenert F. Joseph (Radio Sans Fin), Nadège Noël (Radio-Télé Espoir Haïti), et Bonard Junior Sanon (HCNN), tous actifs dans les discussions et les propositions. La réunion s’est tenue malgré un délai de convocation très court — dans certains cas, moins de 24 heures — ce qui témoigne de l’adhésion spontanée des professionnels à cette initiative.

« Ce rassemblement est le premier de ce genre organisé à l’intérieur du secteur de la presse et dans toute son histoire. Il doit marquer un nouveau tournant dans le processus d’autodétermination et d’autorégulation des journalistes haïtiens », a déclaré Guyler C. Delva, qui annonce déjà une campagne nationale pour promouvoir les principes de la Charte mondiale d’éthique du journaliste.

À la fin de la séance, un déjeuner a été offert aux participants grâce à la générosité de l’hôtel Oasis, en appui à la démarche de SOS Journalistes.

Ce dialogue entre pairs devrait se poursuivre dans les prochaines semaines, avec la promesse d’élargir la participation à d’autres acteurs importants du secteur médiatique. Alors que le pays est engagé dans une transition politique fragile, les journalistes haïtiens entendent faire entendre leur voix — et défendre les fondements démocratiques de leur profession.