“L’OEA sommée par Washington d’intensifier son action face à la violence des gangs en Haïti”…

Jimmy Cherizier alias Barbecue, chef de'' G-9 an Fanmi e Alye'' et porte-parole de la federation des gangs ''Viv Ansanm''...

WASHINGTON, jeudi 22 mai 2025Sous pression des États-Unis, l’Organisation des États américains (OEA) a été appelée jeudi à jouer un rôle plus actif pour contenir la violence des gangs en Haïti, alors que la mission soutenue par l’ONU et dirigée par la police kényane est en proie à un manque criant de personnel et de financements.

Barbara Feinstein, secrétaire adjointe pour les affaires caribéennes au Département d’État américain, a déclaré que « beaucoup plus peut et doit être fait », en écho aux propos du secrétaire d’État Marco Rubio, qui s’est interrogé la veille devant le Congrès : « À quoi sert l’OEA si elle ne peut pas constituer une mission pour la région la plus critique de notre hémisphère ? »

Le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, a reconnu que la mission menée par le Kenya peinait à remplir son mandat et a plaidé pour « une nouvelle structure ». Malgré l’appel de Washington et de Port-au-Prince à substituer cette force par une mission de maintien de la paix de l’ONU, le Conseil de sécurité n’a pas donné suite.

La réunion de l’OEA intervenait quelques heures après un nouveau massacre dans la région de l’Artibonite : des hommes armés ont attaqué une église à Préval, tuant 22 personnes, dont un pasteur de 86 ans décapité, selon Bertide Horace, porte-parole d’une commission locale. Elle a déploré l’absence d’intervention des policiers ou des membres de la mission kényane malgré les appels à l’aide.

La représentante du Kenya auprès de l’OEA, Jayne Toroitich, a souligné que seuls 1 000 des 2 500 membres prévus par la mission onusienne sont actuellement déployés, avec un taux de capacité opérationnelle de seulement 30 % en équipements.

La veille, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », ex-policier devenu chef de la coalition de gangs Viv Ansanm, a diffusé une vidéo appelant les habitants de Delmas 30 à laisser passer ses hommes armés pour renverser le Premier ministre et le Conseil présidentiel de transition. L’an dernier, Viv Ansanm avait contraint Ariel Henry à démissionner après une vague d’attaques sur des infrastructures stratégiques.

Alors que les gangs contrôlent plus de 85 % de Port-au-Prince et progressent vers le centre du pays, le ministre haïtien de la Justice Patrick Pélissier a tiré la sonnette d’alarme : « Chaque jour, ces gangs gagnent du terrain. » Plus de 5 600 personnes ont été tuées en 2024, et 1 600 autres de janvier à mars 2025, selon l’ONU. Plus d’un million de personnes ont été déplacées.

Pélissier a dénoncé le sous-effectif chronique de la Police nationale, avec un agent pour 12 000 habitants, et l’absence de capacités de renseignement. Le ministre de la Défense Jean-Michel Moïse a renchéri : l’armée, composée d’environ 1 000 soldats peu formés, est « submergée » par une guerre urbaine à laquelle elle n’était pas préparée.

Moïse a souligné que les autorités n’avaient pas anticipé une montée en puissance aussi rapide des gangs après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021. Le trafic d’armes, notamment en provenance des États-Unis, alimente cette violence incontrôlable, ont rappelé les responsables haïtiens, qui appellent l’OEA et la communauté internationale à passer de la solidarité aux actes.