PORT-AU-PRINCE, samedi 31 mai 2025 – RHINEWS-Plusieurs organisations féministes haïtiennes, dont Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), Kay Fanm, Fanm Deside et la Fondation TOYA, expriment leur “vive inquiétude” face au processus de réforme constitutionnelle lancé par le Conseil présidentiel de transition (CPT), qu’elles jugent “opaque”, “exclusif” et “dangereux pour la démocratie”.
Dans un communiqué conjoint, ces organisations affirment que le projet de réforme actuellement en circulation “n’a aucune légitimité ni sur la forme ni sur le fond” et constitue “une menace grave pour les droits du peuple haïtien”.
Elles rappellent que l’Accord du 3 avril 2024, censé encadrer la transition politique, prévoit que toute proposition de révision constitutionnelle doit émerger des assises de la Conférence nationale. Or, dénoncent-elles, “le 21 mai 2025, un avant-projet de constitution a été rendu public par le Comité de pilotage d’une conférence nationale qui n’a jamais eu lieu et qui s’érige de manière arbitraire en assemblée constituante”.
Les militantes critiquent vivement l’absence de consultation populaire sérieuse et de mécanismes d’inclusion, notamment à l’égard des femmes et des groupes marginalisés comme la paysannerie. “Le processus n’a intégré aucun mécanisme pour favoriser une représentation significative des populations”, écrivent-elles, soulignant que “la démarche reproduit les structures traditionnelles d’exclusion”.
La réforme serait aussi entachée d’un grave déficit de transparence. “Le texte proposé a été conçu à huis clos, par une poignée de gens”, indique le communiqué, ajoutant qu’aucune information n’a été fournie sur les consultations réalisées, le coût de l’opération, ni sur la diffusion du rapport du Groupe de travail sur la Constitution (GTC) pourtant remis au CPT depuis le 3 janvier 2025. Par ailleurs, aucune version en créole du projet n’aurait été rendue disponible, et un délai d’à peine un mois aurait été accordé à la population pour réagir.
Les organisations alertent également sur l’irréalisme d’un tel projet dans un contexte de crise sécuritaire aiguë. “Lancer une réforme constitutionnelle dans un contexte où la population ne peut ni circuler librement, ni s’exprimer, est une imposture politique”, affirment-elles, avant de marteler : “Prétendre refonder la nation sans le peuple, sans ses femmes, est non seulement inacceptable mais dangereux.”
Elles réclament la suspension immédiate du processus actuel et appellent à la mise en place d’un cadre formel de participation publique, sécurisé et inclusif, accompagné d’un débat national crédible.
“On ne réforme pas un pays sans son peuple. On ne peut refonder Haïti sans ses femmes”, concluent-elles.