Le Secrétaire général élu de l’OEA trace les priorités de son mandat : cap sur Haïti, la démocratie, le développement et la coopération régionale…

Albert Ramdin, actuel ministre des Affaires étrangères, du Commerce international et de la Coopération internationale de la République du Suriname...

WASHINGTON, samedi 31 mai 2025 (RHINEW)-Dans un discours inaugural devant le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA), le Secrétaire général élu a dressé une feuille de route ambitieuse et lucide pour les prochaines années, mettant en avant la nécessité d’une OEA rénovée, solidaire et efficace face aux défis majeurs du continent. Il a d’abord exprimé sa gratitude à l’égard des observateurs permanents : « I thank our current partners, especially the Permanent Observers, for their continued support of critical OAS programs advancing democracy, human rights, security, and development, and I will further strengthen and expand our engagement with them ».

Soulignant le rôle incontournable du secteur privé, il a affirmé que « el sector privado tiene un papel vital en la sociedad. Necesita sociedades que respeten el estado de derecho para prosperar ». Il a plaidé pour une synergie entre le dynamisme des entreprises et les valeurs démocratiques, estimant qu’« uniendo el poder de convocatoria de la OEA con el dinamismo del sector privado, podemos impulsar un espacio donde la inversión en los valores democráticos genere crecimiento sostenible ». Il a également annoncé l’ouverture d’un dialogue continu avec les associations régionales et sectorielles pour que leurs expertises contribuent aux politiques interaméricaines.

Le Secrétaire général a affirmé sa volonté de renforcer les coopérations avec les institutions internationales et régionales. « Not only private sector and civil society engagement is important but also that with our international and regional institutions », a-t-il rappelé, mentionnant des partenariats actifs avec la BID, l’OPS, l’IICA, la CARICOM, le SICA, la CAN, la CELAC, l’ONU ainsi que les Unions européenne et africaine. « Regular coordination will minimize duplication, pool resources, and increase the effectiveness of our collective response to regional challenges », a-t-il insisté, appelant de ses vœux une coordination renforcée en amont du prochain Sommet des Amériques.

S’agissant des crises politiques, il a réservé une place centrale à Haïti, qu’il considère comme la priorité absolue de l’agenda hémisphérique : « Nowhere in the Hemisphere are democracy and the rule of law, security, human rights and development more threatened than in Haiti ». Il a souligné que l’OEA soutiendra une « comprehensive roadmap » visant à résoudre l’insécurité immédiate tout en avançant sur les réformes de gouvernance à long terme.

Il a annoncé le lancement d’une nouvelle coalition de partenaires engagés, baptisée « Groupe des amis d’Haïti », qui opérera en complémentarité avec le groupe de travail politique déjà en place. « This new coalition of committed partners, with Haiti in the lead, will serve as a vital platform to share information, mobilize international and regional support, align efforts, and ensure coordinated responses to Haiti’s most pressing needs », a-t-il déclaré. L’organisation soutiendra également l’organisation d’un référendum constitutionnel, la tenue des élections générales et l’élaboration d’une stratégie sécuritaire globale.

La date du 7 février 2026, marquant la fin du cadre de gouvernance transitoire en Haïti, est selon lui une échéance capitale. Il a appelé à une mobilisation pour que cette transition débouche sur « a legitimate, inclusive, and democratic political process that restores constitutional order », permettant à Haïti de retrouver « renewed hope and sovereign determination ».

Revenant sur les menaces pesant sur la région, il a évoqué la montée de la désinformation, de la polarisation, de la corruption, ainsi que l’instabilité économique. Il a mis en garde contre l’insécurité, le crime organisé, les migrations et les changements climatiques qui frappent les États les plus vulnérables, en particulier les petits pays en développement. « Democracy across many nations is under pressure », a-t-il déploré.

Reprenant l’héritage de l’OEA, il a rappelé que « for over 75 years, the OAS has been a steadfast pillar of democracy, security and development in the Western Hemisphere », soulignant le rôle des missions d’observation électorale dans plus de 30 pays. « Democracy is not a luxury; it is vital to dignity, justice, and peace – and I’d like to add – prosperity », a-t-il ajouté.

Lui-même ayant voté récemment au Suriname, il a salué les missions d’observation comme piliers de légitimité démocratique : « This line of OAS operations contributes to strengthening our democratic institutions ». Il a appelé à renforcer la capacité des États à faire face aux défis socio-économiques et financiers, en soulignant que les innovations technologiques doivent être mises au service du progrès inclusif. « Digital technologies, social media, and up-and-coming artificial intelligence can be a blessing and a curse », a-t-il averti. « We can support Member States to leverage digital transformation as a cornerstone for prosperity », a-t-il proposé, insistant sur l’urgence d’agir pour ne pas « fall behind the ever-evolving curve ».

Poursuivant son plaidoyer, il a affirmé que l’OEA ne s’arrête pas à la démocratie électorale. « Our reach goes far beyond the ballot box », a-t-il rappelé. Il a mis en avant les programmes de coopération technique, d’éducation et de lutte contre la pauvreté que l’OEA a déployés pour combler le fossé entre espoirs et réalité. « We must ensure that this continues », a-t-il insisté.

Il a rappelé que « en el área de seguridad y paz, la OEA ha liderado la resolución de conflictos, el desarme y la promoción de los derechos humanos ». La Commission interaméricaine des droits de l’homme et la Cour interaméricaine ont été, selon lui, « voces de esperanza para los que no tienen voz ». Grâce à un patient travail diplomatique et à une assistance technique continue, l’OEA a favorisé le dialogue en période de polarisation politique aiguë. « La OEA ha facilitado el diálogo en momentos de profunda polarización », a-t-il déclaré. « Hemos fomentado una visión común de las Américas como una región de paz y prosperidad para nuestros pueblos ».

Il a appelé à un effort collectif pour réinventer une OEA plus forte, plus moderne et plus proche des réalités sociales. « Esta alta aspiración requiere del trabajo de todos para una OEA renovada y fortalecida », a-t-il affirmé. « Distinguished permanent representatives, you have given me your trust. I am honored and ask you some time and space to prove to you that we can make a difference », a-t-il conclu dans un ton d’humilité mais de détermination, affirmant que l’OEA doit redevenir le pivot stratégique de l’Amérique dans la défense de la démocratie, des droits et du développement durable.