Le CARDH dénonce l’échec du référendum constitutionnel et exige des comptes sur les fonds publics engagés…

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PORT-AU-PRINCE, mardi 13 mai 2025 (RHINEWS) Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), aux côtés de plusieurs autres organisations haïtiennes de défense des droits humains, tire la sonnette d’alarme après l’échec du référendum constitutionnel initialement prévu pour le 11 mai 2025. Dans une déclaration conjointe, ces organismes dénoncent une “incapacité grave” des autorités de transition à tenir les engagements essentiels à la restauration de l’ordre constitutionnel dans le pays.

« Cet échec est un signal préoccupant qui illustre non seulement l’instabilité du processus politique, mais aussi un usage possiblement frauduleux des ressources de l’État », affirme Me Angello Samuel Pierre, responsable des Affaires Juridiques au CARDH. Il s’agit selon lui d’un moment de vérité pour le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), sommé désormais de justifier l’ensemble des dépenses engagées dans un processus qui, selon les mots du communiqué, « n’a jamais été techniquement prêt à se concrétiser ».

Le CARDH et ses alliés exigent que soient rendus publics, sans délai, les rapports détaillés sur les dépenses effectuées par le Groupe de travail sur la Constitution et le Conseil Électoral Provisoire (CEP), institutions qualifiées dans la déclaration d’« illégitimes et discréditées ». Ces fonds publics, dont le montant n’a pas été précisé, auraient été engagés alors même que l’organisation du référendum apparaissait irréalisable dans les délais impartis.

Par ailleurs, les signataires du texte dénoncent une aggravation dramatique de l’insécurité, qui a rendu matériellement impossible toute consultation électorale. « Port-au-Prince est prise en otage par des bandes armées, l’Artibonite est devenue un champ de bataille, et des zones naguère paisibles comme Mirebalais ou Saut d’Eau sombrent dans la terreur », déplore le communiqué. Le CARDH considère que l’inaction des autorités face à cette violence généralisée constitue une faute politique grave et un abandon du mandat de protection des citoyens.

Face à ce qu’elles considèrent comme une “faillite de gouvernance”, les organisations exigent quatre mesures urgentes : un rapport public sur les causes de la non-tenue du référendum ; un audit indépendant des dépenses publiques y afférentes ; un plan d’action crédible pour la sécurité dans les zones les plus touchées ; et enfin une feuille de route claire pour la suite de la transition politique.

« Le Conseil Présidentiel de Transition et le Gouvernement doivent assumer leurs responsabilités historiques », insiste Me Angello Samuel Pierre du CARDH, qui appelle à une “concertation immédiate avec les acteurs politiques et sociaux pour sortir le pays du chaos”.

La déclaration a été signée conjointement par le Collectif Défenseurs Plus (CDP), le Sant Karl Lévêque (SKL), l’Union des Avocats Progressistes pour l’avancement d’Haïti (UNAPAHA), l’Institut national pour la défense des droits économiques, sociaux et culturels (INDDESC), l’Ordre des défenseurs des droits humains (ORDEDH) ainsi que le CARDH.

Les signataires laissent entendre qu’en l’absence de réponses rapides et documentées, des poursuites ou campagnes publiques pourraient être engagées pour contraindre les autorités à rendre des comptes.