Haïti – Le référendum constitutionnel du 11 mai 2025 n’a pas eu lieu : Me Sonet Saint-Louis dénonce “une manœuvre d’usurpation de souveraineté”…

LOGO DU CEP

LA GONÂVE, lundi 12 mai 2025 (RHINEWS)– Dans une longue déclaration transmise ce 11 mai 2025, Me Sonet Saint-Louis, professeur de droit constitutionnel à l’Université d’État d’Haïti, confirme l’échec du référendum constitutionnel que le Conseil présidentiel de transition (CPT) avait annoncé pour cette date. À ses yeux, cet échec ne fait que confirmer le caractère illégitime d’un processus politique imposé au peuple haïtien sans ancrage démocratique ni mandat populaire.

« Le référendum constitutionnel lancé par le CPT n’a finalement pas eu lieu le 11 mai 2025, bien que cette date ait été fixée par un Conseil électoral provisoire dont on n’entend plus parler aujourd’hui », écrit Me Saint-Louis. Il rappelle que d’importants fonds publics avaient été mobilisés à la fois pour ce scrutin et pour une conférence nationale dont l’objectif affiché était d’abroger — de façon inconstitutionnelle — la Constitution de 1987.

Dans ce texte au ton cinglant, le constitutionnaliste dénonce « les manœuvres grotesques » du CPT, qui sollicite actuellement de la CARICOM une prolongation de son mandat au-delà du 7 février 2026. Pour lui, cette démarche incarne une trahison manifeste de la souveraineté populaire : « Le peuple haïtien […] doit faire échec aux technocrates sournois, aux hommes d’affaires, aux hommes d’église, aux intellectuels aux idées et actions tristes et négatives qui prospèrent dans le chaos. »

Me Sonet Saint-Louis dénonce une classe politique « apatride et sans vision », qui s’appuie sur des soutiens internationaux pour se maintenir au pouvoir, au mépris de la volonté populaire. Il accuse le CPT de confisquer les institutions : « Ce CPT peut renvoyer le Premier ministre, promulguer des décrets sur toutes les questions d’intérêt public sans débat, et n’est soumis à aucun contrôle. Il est absolu ! »

Revenant sur les tentatives répétées de réforme constitutionnelle, notamment sous les présidences de René Préval, Jovenel Moïse et Claude Joseph, Me Saint-Louis évoque un détournement des objectifs initiaux : « Quarante millions de dollars américains ont été gaspillés dans un projet de référendum qui n’a jamais vu le jour. […] C’était un travail futile, sans aucune valeur ni politique, ni juridique. »

Il affirme que la Constitution de 1987, « par sa légitimité double », reste « le fondement de la vie de chaque Haïtien », et rejette toute tentative d’abrogation autoritaire. Selon lui, la motivation principale derrière ces projets n’est pas juridique mais financière : « Ce qui leur importe, c’est l’argent. […] Le billet vert a été utilisé par les États-Unis comme principal levier de séduction pour anéantir définitivement la gauche haïtienne. »

Dans un passage particulièrement virulent, il dénonce l’attitude des ex-gauchistes devenus partisans du néo-libéralisme : « Ces anciens communistes de pacotille […] se sont convertis au néo-libéralisme économique après avoir découvert trop tard l’importance et la puissance de l’argent. » Pour lui, l’enrichissement personnel est désormais leur seul objectif.

Me Saint-Louis s’inquiète aussi de la recomposition géopolitique actuelle : « Haïti est en train de devenir un territoire transnational, sous le contrôle d’un pouvoir global, où les dirigeants ne sont que de simples agents locaux. » Il appuie ses propos sur les analyses du Dr Sauveur Pierre Étienne, qui affirme que « les membres du CPT ne sont pas seulement des criminels, mais des individus en mission ».

Enfin, il appelle à une résistance pacifique mais déterminée pour sauver la République : « La seule richesse d’un homme d’État réside dans sa foi et sa croyance dans le devenir de son pays. […] Il est impératif d’apprendre à nos politiciens que garder les institutions en vie est la meilleure politique. »