HAÏTI – Le ministre Alfred Metellus accusé de servir les monopoles : Renald Lubérice dénonce une circulaire « manifeste » contre la classe moyenne…

Renald Luberice, Responsable du RJD...

PORT-AU-PRINCE, 30 avril 2025 (RHINEWS)— Une tribune percutante signée de l’ancien secrétaire général du Conseil des ministres, Renald Lubérice, met en cause la circulaire n°001 du 25 mars 2025 émise par le ministère de l’Économie et des Finances. Le document, paraphé par le ministre Alfred Metellus, interdit l’importation de marchandises par voie terrestre via la République Dominicaine. Présentée comme une mesure de sécurité, cette décision est selon Lubérice une couverture politique à des intérêts économiques occultes.

Dans un extrait d’interview diffusé sur la station Magik9, Metellus justifie cette mesure par la nécessité de priver les gangs armés des ressources qu’ils extorquent le long des routes nationales. Il évoque des rançonnements annuels atteignant près de cent millions de dollars. Mais cette explication est vivement contestée. Lubérice estime que le problème n’est pas la route, mais la perte du contrôle de l’État sur le territoire. « Si la priorité était réellement de couper les vivres aux bandes armées, il aurait fallu surtout orienter l’attention vers les ports », écrit-il, pointant le fait que nombre d’armes passent par les ports, parfois dissimulées dans des cargaisons légales et avec la complicité présumée de certains douaniers.

Il souligne que les conteneurs arrivant des ports de Port-au-Prince ne sont pas épargnés par les groupes armés, eux aussi soumis aux barrages, extorsions et zones d’influence criminelle. À ses yeux, la circulaire ne résout rien, mais sanctionne au contraire une classe moyenne dynamique qui, exclue des circuits portuaires dominés par de puissants groupes économiques, avait trouvé dans la voie terrestre une alternative viable.

Lubérice dénonce un système économique verrouillé, dominé par une poignée d’oligarques qui ont fait pression pour fermer cette échappatoire. Il décrit une jeunesse entreprenante, issue des régions et des périphéries, mise en échec par un réseau d’abus portuaires : surtaxes, retards, pertes inexpliquées et pressions informelles. Pour lui, la circulaire n’a rien d’un geste sécuritaire. Elle officialise plutôt la soumission de l’État à une minorité qui contrôle le commerce et impose ses règles.

Dans ce contexte, l’ancien responsable plaide pour des actions concrètes telles que la sécurisation des routes, l’utilisation de technologies de surveillance aux frontières et l’établissement d’une présence militaire dissuasive dans les zones sensibles. Mais il doute de la volonté politique nécessaire pour engager ces mesures. Il estime que leur mise en œuvre heurterait de plein fouet les habitudes de collusion entre l’État et les grands intérêts privés. « Ce n’est donc pas par ignorance que l’on prend de mauvaises décisions », écrit-il, « c’est par fidélité à un ordre économique injuste, inégalitaire, organisé autour de la rente, du verrouillage et du contrôle. »

Il conclut que la circulaire du 25 mars n’est pas une simple erreur de gouvernance, mais un acte délibéré contre les commerçants indépendants, la classe moyenne et toute forme d’initiative en dehors du cercle des puissants. « Dans cette guerre », accuse-t-il, « le ministre Metellus n’est pas neutre. Il a choisi son camp. »