Haïti : des élus du sud de la Floride exhortent les États-Unis à restaurer la stabilité face à la montée en puissance des gangs…

Jimmy Cherizier alias Barbecue, chef de'' G-9 an Fanmi e Alye'' et porte-parole de la federation des gangs ''Viv Ansanm''...

MIAMI, samedi 17 mai 2025 Une coalition bipartisane de parlementaires américains, notamment plusieurs élus du sud de la Floride, a tiré la sonnette d’alarme face à l’effondrement sécuritaire d’Haïti, où les gangs armés, en particulier la coalition Viv Ansanm, contrôlent désormais plus de 85 % de la capitale, Port-au-Prince.

Dans une lettre adressée ce mois-ci au secrétaire d’État Marco Rubio, les élus soulignent l’expansion rapide de l’influence des gangs vers des zones auparavant stables, alors que la situation dans la capitale menace directement le siège du pouvoir exécutif. « Haïti est au bord de l’effondrement, avec des gangs violents contrôlant le centre de Port-au-Prince à quelques rues seulement du Palais national », a déclaré la représentante républicaine María Elvira Salazar (Miami). « Il est temps que les États-Unis jouent un rôle de leadership réel, avec des solutions sécuritaires fortes capables de stopper l’avancée des gangs et de rétablir la paix. »

Du côté démocrate, la députée Sheila Cherfilus-McCormick (Miramar), seule Haïtiano-Américaine siégeant au Congrès, a également plaidé en faveur d’une réponse plus ferme de Washington. Elle a dénoncé la complicité d’élites locales dans le financement des groupes criminels, appelant à une répression ciblée contre les gangs et à un contrôle strict sur les armes illégales. « Haïti continue de faire face à une crise politique, sécuritaire et humanitaire d’une ampleur inimaginable », a-t-elle affirmé.

La représentante Debbie Wasserman Schultz (D-Weston) a quant à elle dénoncé un « cycle vicieux de violences horribles » et exhorté les États-Unis à soutenir urgemment les efforts pour stabiliser le pays, notamment en renforçant les capacités de la police haïtienne et en coupant l’afflux d’armes américaines à destination des groupes criminels. Lois Frankel (D-Boca Raton) a insisté sur la nécessité d’une mobilisation immédiate, rappelant que la Floride compte près d’un demi-million d’Américano-Haïtiens, dont beaucoup ont des proches directement exposés à l’insécurité.

Alors que des rapports de plus en plus alarmants émergent d’Haïti, l’Associated Press rappelle que plus de 1 600 personnes ont été tuées entre janvier et mars 2025, tandis que 580 autres ont été blessées. Dimanche dernier, des centaines de manifestants ont défilé dans les hauteurs de la capitale pour exiger la démission du Premier ministre et du conseil présidentiel de transition, accusés d’impuissance face aux violences.

Selon un récent rapport de la mission politique de l’ONU, un groupe de civils armés de bâtons, accompagné d’une brigade environnementale, a réussi en mars à déloger plus de 100 présumés membres de gangs retranchés dans une école catholique. Cet acte isolé demeure l’un des rares succès populaires contre les gangs, souvent protégés par des figures politiques et économiques influentes.

En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées à travers le pays, et plus d’un million de personnes se retrouvent aujourd’hui sans-abri, conséquence directe des affrontements et exactions perpétrés par les groupes armés. Des quartiers naguère paisibles de la capitale, dont les accès stratégiques à Pétion-Ville — zone diplomatique et financière — sont désormais pris pour cible par les groupes armés.

En réponse, les États-Unis ont officiellement désigné ce mois-ci Viv Ansanm et Gran Grif — la plus grande organisation criminelle de la région centrale — comme organisations terroristes étrangères. Une décision qui, selon certains acteurs humanitaires, pourrait nuire à l’acheminement de l’aide sur le terrain, plusieurs ONG étant contraintes de négocier leur passage avec les groupes armés pour distribuer nourriture et eau.

Parallèlement, la mission multinationale de soutien à la sécurité, dirigée par le Kenya sous mandat des Nations unies, peine à s’imposer face aux bandes armées. Moins de la moitié des 2 500 agents prévus ont été déployés, affaiblissant la capacité de la Police nationale d’Haïti à reprendre le contrôle du territoire.

Cet article de Sergio R. Bustos a été publié initialement en anglais sur:

https://www.wlrn.org/americas/2025