Fritz Jean à Brasilia : sécurité, commerce et dérives criminelles au cœur des échanges préliminaires avec Philip Davis des Bahamas…

BRASILIA, jeudi 12 juin 2025 (RHINEWS) —

Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a tenu ce jeudi 12 juin à Brasilia, en marge du Sommet Caraïbe-Brésil, une réunion bilatérale avec le Premier ministre des Bahamas, Philip Davis, centrée sur la situation sécuritaire en Haïti et les implications régionales de la criminalité transnationale.

« Nous avons engagé des discussions préliminaires sur la montée de l’insécurité et ses ramifications dans la région, ainsi que sur la nécessité urgente d’un renforcement de la coopération en matière de sécurité entre nos deux pays », a déclaré Fritz Alphonse Jean. Les deux hommes ont abordé les mécanismes de lutte contre les réseaux criminels opérant à l’échelle régionale, y compris les trafics d’armes, de stupéfiants et d’êtres humains, qui menacent l’ensemble des États caribéens.

À cet égard, le Premier ministre Philip Davis a instruit son chef de cabinet d’élaborer « dans les plus brefs délais » un mémorandum technique portant sur les produits haïtiens déjà homologués par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, en vue de faciliter leur intégration dans les circuits commerciaux officiels. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du « Trade Mission » prévue ce mois de juin par les chambres de commerce du Grand Nord d’Haïti, visant à stimuler les échanges bilatéraux et à réduire les flux commerciaux informels propices à l’économie souterraine.

Ces échanges interviennent dans un contexte régional marqué par une escalade de la violence en Haïti, qui affecte directement la stabilité des pays voisins. Selon les plus récents chiffres publiés par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), la première moitié de l’année 2025 a déjà été marquée par plus de 3 400 assassinats et 1 800 enlèvementsrecensés sur le territoire national, dont la majorité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Le BINUH précise que « la capitale vit une fragmentation territoriale sans précédent, où des groupes armés contrôlent l’accès à des zones entières et imposent des taxes aux populations piégées ».

Les départements du Plateau Central et de l’Artibonite ne sont pas épargnés. Des localités comme Mirebalais, Petite-Rivière-de-l’Artibonite ou Verrettes connaissent une recrudescence des attaques meurtrières et des déplacements forcés de populations. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) signale que près de 580 000 Haïtiens sont actuellement déplacés internes, fuyant les violences, soit une augmentation de plus de 60 % par rapport à la même période en 2024.

Dans son dernier rapport trimestriel, le Secrétaire général de l’ONU a évoqué « une prolifération alarmante des gangs lourdement armés, certains disposant de drones, de véhicules blindés et d’armement militaire », rendant le rétablissement de l’ordre public extrêmement difficile pour une Police nationale d’Haïti (PNH) en sous-effectif et sous-équipée.

Dans ce climat de désintégration progressive de l’État, les discussions engagées entre Haïti et les Bahamas visent à poser les jalons d’une coopération renforcée, aussi bien sur le plan sécuritaire que commercial, en mobilisant les canaux institutionnels existants et en préparant une réponse concertée à la menace transnationale.