WASHINGTON, samedi 14 juin 2025 (RHINEWS) – L’administration Trump envisage une extension majeure de son décret migratoire, avec l’ajout potentiel de 36 pays à la liste des États déjà visés par une interdiction partielle ou totale d’entrée sur le territoire américain, selon un mémo interne du département d’État obtenu par The Washington Post. Parmi les pays ciblés figurent notamment 25 nations africaines, mais aussi des États des Caraïbes, d’Asie centrale et du Pacifique.
Signé par le secrétaire d’État Marco Rubio, le document transmis samedi aux diplomates américains appelle les gouvernements concernés à présenter un plan d’action d’ici mercredi à 8 h du matin pour répondre à de nouvelles exigences jugées cruciales par Washington. Faute de quoi, leurs citoyens pourraient faire face à une interdiction de visa ou à d’autres restrictions de voyage vers les États-Unis.
D’après le mémo, ces pays sont accusés de manquements divers : absence d’autorités centrales compétentes, documents d’identité peu fiables, fraudes gouvernementales généralisées, taux élevés de dépassement de visas par leurs ressortissants, programmes de citoyenneté contre investissement sans exigence de résidence, ou encore prétendues activités « antisémites et antiaméricaines » perpétrées par certains de leurs citoyens aux États-Unis.
La liste comprend notamment l’Égypte, le Cameroun, le Ghana, le Nigeria, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie, ainsi que des pays insulaires comme Antigua-et-Barbuda, Saint-Kitts-et-Nevis ou encore Vanuatu. Des États partenaires des États-Unis, tels que Djibouti, sont également concernés.
Cette annonce s’inscrit dans la droite ligne de la politique migratoire musclée du président Trump, qui, dès le début de son second mandat, avait réactivé une série de restrictions levées sous l’administration Biden. Le 4 juin dernier, un décret avait déjà instauré une interdiction d’entrée totale pour les ressortissants de 13 pays, dont l’Afghanistan, le Myanmar, la République du Congo, la Libye, l’Iran, la Somalie, le Soudan, le Yémen, et Haïti. Par ailleurs, des restrictions partielles s’appliquent déjà à des voyageurs venus de Cuba, du Togo, du Venezuela, du Burundi ou encore du Laos.
Les critiques ne se sont pas fait attendre. Des élus démocrates et des organisations de défense des droits humains dénoncent une politique discriminatoire et xénophobe, ciblant prioritairement des pays à majorité musulmane ou à forte population noire et caribéenne. Ils rappellent que, lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà tenté de bloquer les voyageurs en provenance de pays comme l’Iran, l’Irak, la Syrie ou la Libye, avant que la Cour suprême ne valide en 2018 une version amendée du décret initial, fortement contesté.
Interrogée par la presse, la porte-parole du département d’État a refusé de commenter les délibérations internes. La Maison Blanche n’a pas encore réagi officiellement.
Lors de sa campagne, Donald Trump avait promis que le nouveau travel ban serait « plus vaste que jamais ». Dès son retour au pouvoir en janvier, un décret présidentiel ordonnait aux agences fédérales d’identifier les pays dont les systèmes de vérification seraient jugés « déficients » au point de justifier des suspensions d’entrée sur le territoire américain.
Liste des pays actuellement visés dans le mémo : Angola, Antigua-et-Barbuda, Bénin, Bhoutan, Burkina Faso, Cap-Vert, Cambodge, Cameroun, République démocratique du Congo, Djibouti, Dominique, Éthiopie, Égypte, Gabon, Gambie, Ghana, Côte d’Ivoire, Kirghizistan, Libéria, Malawi, Mauritanie, Niger, Nigeria, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Soudan du Sud, Syrie, Tanzanie, Tonga, Tuvalu, Ouganda, Vanuatu, Zambie, Zimbabwe.
Article original rédigé par Adam Taylor, publié par The Washington Post le 14 juin 2025
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