PORT-AU-PRINCE, vendredi 2 mai 2025 (RHINEWS)– Dans une déclaration conjointe rendue publique ce jeudi, plusieurs personnalités politiques haïtiennes ont salué la décision du gouvernement américain d’inscrire les groupes armés Viv Ansanm et Gran Grif sur la liste officielle des organisations terroristes étrangères. Ils appellent toutefois à l’élaboration d’un plan international plus ambitieux pour démanteler ces structures criminelles.
Le document, signé par Pascal Adrien (Accord du 2 décembre), André Michel (Accord du 21 décembre), Claude Joseph et Claude Édouard (Engagés pour le Développement – EDE), rappelle que cette décision répond à une correspondance officielle adressée au Secrétaire d’État Marco Rubio le 24 janvier dernier. « Nous prenons acte de la décision des États-Unis d’inscrire “Viv Ansanm” et “Gran Grif” sur la liste des organisations terroristes internationales », peut-on lire dans le texte.
Les signataires saluent cette « décision historique » mais avertissent qu’elle ne saurait suffire à elle seule à contenir la spirale de violence. « Cette mesure, pour produire les résultats escomptés sur le terrain de la lutte contre l’insécurité en Haïti, doit s’accompagner d’un plan international visant l’éradication effective, dans les prochains mois, des groupes criminels qui prennent notre beau pays en otage », indiquent-ils.
Appelant à un renforcement de la coopération internationale, les auteurs de la déclaration exhortent les partenaires d’Haïti à soutenir activement la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) et à renforcer les moyens de l’armée et de la police nationale. « Le peuple haïtien ayant déjà trop souffert, il est temps de décréter la permanence dans la lutte contre les terroristes à travers un plan global », affirment-ils.
Les crimes attribués à Viv Ansanm et Gran Grif sont désignés sans ambiguïté dans le communiqué : « Au nom des nombreux déplacés, au nom des dizaines de milliers de nos frères et sœurs haïtiens qui ont été kidnappés, torturés, violés, humiliés, appauvris et assassinés […] nous saluons à nouveau la décision des États-Unis de considérer ces organisations à la hauteur de leurs crimes de lèse-humanité. »
Cette désignation par Washington constitue l’aboutissement d’un plaidoyer soutenu, mené notamment par la députée américaine Sheila Cherfilus-McCormick, d’origine haïtienne. Depuis plusieurs mois, l’élue démocrate avait pressé l’administration américaine de qualifier Viv Ansanm d’organisation terroriste.
« Tant que ces groupes continueront d’agir avec une telle brutalité, aucune transition démocratique ni reprise économique ne sera possible en Haïti », avait-elle déclaré devant le Congrès en mars 2025, ajoutant que ces milices devaient être « combattues avec la même rigueur que tout autre groupe terroriste international ».
Elle avait aussi plaidé pour des sanctions économiques ciblées, la suspension des soutiens logistiques indirects à ces groupes, et une coopération judiciaire renforcéeavec les autorités haïtiennes. Sa voix avait trouvé écho auprès d’autres élus afro-américains et de la communauté haïtienne de Floride, mobilisée depuis le début de la crise.
La décision américaine, désormais officielle, pourrait ouvrir la voie à de futures poursuites, au gel d’avoirs et à un appui accru à la sécurisation du territoire haïtien.