Désignation de “Gran Grif” et de “Viv Ansanm” comme organisations terroristes : Bocchit Edmond à RHINEWS : « Une opportunité stratégique pour Haïti si elle sait s’en saisir »…

Edmond Bocchit, Ambassadeur nomme a Washington

WASHINGTON, dimanche 4 mai 2025 – RHINEWS-Dans une interview exclusive accordée à RHINEWS, l’ex-ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, a salué la décision du Département d’État américain de désigner officiellement les groupes armés haïtiens « Gran Grif » et « Viv Ansanm » comme organisations terroristes. Selon lui, cette mesure constitue « un tournant » dans la coopération entre Haïti et les États-Unis et représente une occasion stratégique pour l’État haïtien de réaffirmer son autorité.

« C’est un tournant que l’État haïtien doit saisir comme une opportunité pour restructurer sa stratégie de lutte contre les groupes armés qui terrorisent la population. Cette désignation n’est pas seulement symbolique, elle a des implications légales concrètes », a déclaré M. Edmond.

Interrogé sur les implications directes pour les États-Unis, l’ancien ambassadeur a précisé que cette mesure « permet désormais aux agences américaines d’intervenir dans le cadre d’une législation antiterroriste beaucoup plus robuste ». Elle pourrait, selon lui, faciliter l’interception de fonds, l’ouverture d’enquêtes internationales et même l’extradition de certains individus liés à ces groupes.

Mais c’est surtout sur les conséquences pour Haïti que Bocchit Edmond a voulu insister. « Cette désignation n’aura d’effets durables que si l’État haïtien met en place une cellule nationale de coordination de la lutte contre le terrorisme, avec des moyens légaux, technologiques et humains pour collecter du renseignement et attaquer les réseaux de financement de ces groupes », a-t-il affirmé.

Il a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre institutions nationales et internationales, tout en appelant à une réforme du cadre légal haïtien. « Nous devons adapter notre droit aux nouveaux types de menaces. Il faut aussi intégrer les communautés locales dans la stratégie de sécurité », a-t-il ajouté.

Interrogé sur les risques d’une telle désignation, M. Edmond reconnaît qu’il existe « un danger de représailles, de radicalisation accrue ou d’abus dans l’application des mesures antiterroristes », mais affirme qu’il est possible de les prévenir. « Une communication stratégique, la transparence et le contrôle parlementaire des actions menées sont essentiels pour éviter les dérives », a-t-il suggéré.

À la question de savoir si Haïti est en mesure d’agir rapidement, il répond : « Nous n’avons pas le luxe du temps. Il faut agir maintenant, établir des mécanismes de coordination entre la police, la justice, la diplomatie et les services de renseignement, en lien avec les partenaires internationaux. »

Pour conclure, l’ancien ambassadeur appelle à une rupture avec l’inaction des dernières années. « Ce moment exige un sursaut national, une rupture avec les connivences et une volonté politique de redonner confiance à la population. Sans cela, même les décisions internationales les plus fortes resteront lettre morte. »