PORT-AU-PRINCE, vendredi 6 juin 2025 (RHINEWS)–
L’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, a présenté ce mercredi une proposition en cinq volets destinée aux autorités haïtiennes, visant à sortir Haïti de la liste des pays interdits d’entrée sur le territoire américain. Cette initiative survient quelques jours après que l’administration Trump a annoncé une interdiction temporaire d’entrée pour les ressortissants de plusieurs pays, dont Haïti, invoquant des préoccupations sécuritaires et migratoires.
Dans un document transmis à la presse, Bocchit Edmond exhorte les dirigeants haïtiens à « adopter sans délai une démarche coordonnée, crédible et proactive » pour répondre aux exigences des États-Unis et restaurer la crédibilité du pays en matière de gestion migratoire. Il articule sa proposition autour de cinq mesures jugées prioritaires.
La première concerne le renforcement de la sécurité aux frontières et du système d’identification nationale. « Il est impératif de moderniser les procédures d’émission des passeports en intégrant des dispositifs biométriques conformes aux standards internationaux », affirme M. Edmond. Il recommande aussi la numérisation et la sécurisation de toutes les bases de données d’état civil, ainsi qu’une coopération renforcée avec les agences onusiennes pour améliorer la gestion des flux migratoires.
La deuxième mesure porte sur l’ouverture d’un dialogue bilatéral structuré avec les États-Unis. « Haïti doit reprendre l’initiative diplomatique en proposant une task force conjointe sur les questions migratoires et sécuritaires », écrit-il, appelant à des consultations de haut niveau impliquant les ministères concernés. Selon lui, ce cadre de concertation permettrait de créer les conditions politiques favorables à un éventuel assouplissement des mesures restrictives.
La troisième mesure vise à réduire les causes internes de la migration en s’attaquant à la précarité économique, à l’insécurité et à l’absence de perspectives pour la jeunesse. « Il faut investir dans des programmes de développement local, améliorer les infrastructures de base et renforcer la coordination avec les bailleurs internationaux pour intervenir dans les zones les plus vulnérables », souligne Bocchit Edmond.
Dans un quatrième axe, il recommande le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur les voies légales de migration. Cette initiative viserait à « lutter contre les désinformations, les faux visas et les réseaux clandestins », en promouvant activement les options existantes comme les visas de travail, le regroupement familial et les dispositifs humanitaires. Il insiste sur la nécessité d’un partenariat étroit avec la diaspora, les médias et les organisations communautaires pour garantir une diffusion efficace des messages.
Enfin, la cinquième mesure propose la poursuite active du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les Haïtiens vivant déjà aux États-Unis. Bocchit Edmond recommande de « renforcer le plaidoyer diplomatique, produire des rapports circonstanciés sur les risques des retours forcés, et mobiliser des alliances avec les ONG américaines et les parlementaires influents ».
Il conclut en appelant à un sursaut national face à l’urgence : « L’inclusion d’Haïti sur la liste noire migratoire a des conséquences diplomatiques, économiques et humaines graves. Il est de notre responsabilité collective de rétablir la confiance des partenaires internationaux – à commencer par les États-Unis – et de protéger la dignité des citoyens haïtiens. »
La proposition de Bocchit Edmond intervient alors que les autorités haïtiennes sont encore en phase d’évaluation des répercussions de la décision américaine. Aucun commentaire officiel n’avait encore été publié par le ministère des Affaires étrangères au moment de la rédaction de cette dépêche.